Qui cherchez-vous?

Passion selon St. Jean 18, 1-11
avril 9, 2025

Ayant ainsi parlé, Jésus s’en alla, avec ses disciples, au-delà du torrent du Cédron ; il y avait là un jardin où il entra avec ses disciples.

Or Judas, qui le livrait, connaissait l’endroit, car Jésus s’y était maintes fois réuni avec ses disciples. Il prit la tête de la cohorte et des gardes fournis par les grands prêtres et les Pharisiens, il gagna le jardin avec torches, lampes et armes.

Jésus, sachant tout ce qui allait lui arriver, s’avança et leur dit : « Qui cherchez-vous ? » Ils lui répondirent : « Jésus le Nazôréen. » Il leur dit : « C’est moi. » Or, parmi eux, se tenait Judas qui le livrait. Dès que Jésus leur eut dit “c’est moi”, ils eurent un mouvement de recul et tombèrent.

A nouveau, Jésus leur demanda : « Qui cherchez-vous ? » Ils répondirent : « Jésus le Nazôréen. »

Jésus leur répondit : « Je vous l’ai dit, c’est moi. Si donc c’est moi que vous cherchez, laissez aller ceux-ci. »

C’est ainsi que devait s’accomplir la parole que Jésus avait dite : « Je n’ai perdu aucun de ceux que tu m’as donnés. »

Alors Simon-Pierre, qui portait un glaive, dégaina et frappa le serviteur du grand prêtre, auquel il trancha l’oreille droite ; le nom de ce serviteur était Malchus. Mais Jésus dit à Pierre : « Remets ton glaive au fourreau ! La coupe que le Père m’a donnée, ne la boirai-je pas ? »

Commentaire

Il est expliqué dans le Deutéronome 16 que la fête de la Pâque doit obligatoirement être célébrée à Jérusalem, mais à cause de la forte fréquentation, les autorités juives ont élargi l’autorisation aux environs de la ville sainte : Jésus et ses disciples sont donc bien là où il faut. On ne peut que s’amuser de trouver ici un jardin qu’à priori Jésus et ses disciples ont l’habitude de fréquenter : c’est probablement un jardin clos, la base de l’Eglise. Et quand on voit que Jésus va chercher à protéger ses disciples, alors on ne peut que penser à Jean 10,7 « En vérité, en vérité, je vous le dis, je suis la porte des brebis » mais aussi à Jean 10,11 « Je suis le bon berger : le bon berger se dessaisit de sa vie pour ses brebis ».

La milice du Temple n’a été instituée qu’en 40, elle n’existait donc pas au temps de Jésus ; la cohorte romaine, il est très peu probable qu’elle vienne s’immiscer dans des affaires religieuse, et c’est encore moins probable qu’elle se coordonne avec une milice du Temple. Pas de baiser de Judas chez Jean (Marc 14.44). On ne comprend pas bien l’histoire des torches et des lampes car rien indique qu’il fasse nuit ; l’auteur a dû vouloir en parler pour donner l’image de « l’armée des ombres » face à la lumière du Monde (Jn 8.12).

Au rang des bons-mots ou des petites phrases, le « qui cherchez-vous ? » ne manque pas de sel pour le lecteur de l’évangile qui par définition, cherche quelqu’un.

Il faut comprendre que le « c’est moi » en grec est traduit de la même manière (ego eimi) que le « je suis » de l’Exode (Ex 3.6 je suis le Dieu de ton père). Evidemment, on sait que l’homme qui rencontre Dieu tombe en arrière, comme s’est expliqué dans le Psaume 27.2 « Si des malfaiteurs m'attaquent pour me déchirer, ce sont eux, mes adversaires et mes ennemis, qui trébuchent et tombent ». Mais c’est aussi Esaïe 45.23   « Devant moi tout genou fléchira et toute langue prêtera serment », un chapitre d’Esaïe que ‘on va retrouver demain.

Dans l’évangile de Jean, Jésus lui-même cherche à protéger ses disciples pour qu’ils puissent s’échapper, ce qui est assez différent de la version synoptique où est donnée l’idée que les disciples se sont enfuis (Mc 14,50 « et tous l’abandonnèrent et prirent la fuite »). C’est à ce genre de détail que le texte de Jean, qui n’a rien d’historique bien sûr, donne une version plus expliquée de ce qui s’est éventuellement passé car on a un peu de mal à imaginer que les onze qui ont suivi Jésus tous les jours de sa vie de ces derniers mois puissent tous disparaître d’un claquement de doigts.

Le commentaire « je n’ai perdu aucun de ceux que tu m’avais confiés » se trouve dans plusieurs passages de cet évangile, en 17.12 mais aussi en 6.39, en 10.28 et en 16.32. Il s’agit d’un thème cher à Jean qui est la pré-élection des disciples, le fait que ce soit le Père qui ait choisi un certain nombres de personnes pour suivre Jésus, pour que Jésus les enseigne puis les ressuscite au dernier jour. On retrouve encore une fois dans la passion de nombreux thèmes développés dans les chapitres précédents.

L’histoire de l’oreille coupée sert à montrer que Pierre n’est pas en mesure de modifier le plan divin. Seul Jean va nous donner le nom de ce soldat, Malchus signifiant « ce Roi ». Il y avait un écrit juif du 1er siècle qui disait : « Avec l’oreille droite on entend Dieu la nuit, avec la gauche on entend les anges ». Ce n’est peut-être qu’un hasard…

Le dernier verset et l’allusion à la coupe est intéressant car Jean n’a pas contée la prière de Gethsémani telle que rapportée en Marc 14.36 « Père écarte de moi cette coupe ». Il va de soi que la version des synoptique met en valeur la nature humaine de Jésus à l’heure de la mort ; le texte de Jean choisit d’être en totale opposition avec cette version, puisque Jésus marche au-devant de sa passion à un rythme qui lui est propre. Si Marc nous montre un Jésus qui tremble et qui essaie, dans un mouvement désespéré, de convaincre son père au dernier moment, Jean montre au contraire un Jésus qui ne supporte même pas l’idée que quelqu’un comme Pierre puisse entraver sa route (on se souvient encore de l’arrière-Satan de la confession de Pierre).

On comprend bien dans ce passage que selon Jean, Jésus sait très bien ce qui l’attend et qu’il y va d’un pas sûr et déterminé.

Du côté de Luc 22, les choses sont assez différentes. C’est tout d’abord Judas qui se fait investir par Satan avant d’aller proposer une affaire horrible mais juteuse aux prêtres. Il y a ensuite l’institution de l’eucharistie pendant la dernière cène, et c’est en sortant de table que Jésus se dirige avec ses disciples au Mont des Oliviers ; s’y déroule une longue séance de prière collective au cours de laquelle les disciples s’endorment. Survient ensuite la troupe menée par Judas et son fameux baiser, Luc ne dit pas qui a coupé l’oreille du soldat et Jésus guérit la blessure de ce dernier. Alors qu’ils l’emmènent, Jésus se rebelle contre la méthode des juifs (Lc 22.52) : « Comme pour un bandit, vous êtes partis avec des épées et des bâtons ! Quand j'étais avec vous chaque jour dans le temple, vous n'avez pas mis la main sur moi ; mais c'est maintenant votre heure, c'est le pouvoir des ténèbres. »

C’est ainsi que l’on retrouve l’armée des ombres de Jean.

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