Quand on parle de la passion selon St. Jean au monde d’aujourd’hui, celui-ci nous répond l’œuvre de JS Bach. On en aurait oublié la pièce originale.
Jean a plus ou moins suivi la passion de Marc, mais il a tout réécrit, à sa manière. N’oublions pas que la rédaction de l’évangile selon St. Jean est le fruit d’un travail communautaire qui s’est inscrit sur plusieurs années, aux alentours de la fin du 1er siècle. Aucun témoin de la vie de Jésus ne faisait partie de cette équipe rédactionnelle, il ne s’agit pas d’un travail historique qui cherche à retransmettre des faits. Il s’agit d’un texte qui cherche à nous montrer des signes, des signes pour croire. Il s’agit avant tout d’une œuvre littéraire qui a son style bien particulier et dont le contenu peut à la fois paraître proche des autres évangiles, comme il peut paraître parfois sensiblement différent. Cette singularité fait son intérêt.
Puisque nous allons lire cette passion dans le cadre de la semaine sainte, nous irons un peu plus loin que l’étape de l’enterrement de Jésus pour toucher la 1ère rencontre d’un homme (une femme dans ce cas particulier) avec le Ressuscité. Il n’y aurait aucun sens à lire la passion et sa souffrance sans lui adjoindre la résurrection et sa joie. Il est vrai que l’Eglise catholique a lourdement insisté au cours du temps sur le côté sombre de l’exécution de Jésus en couvrant les statues des églises de linges violets et en clamant des chants de pénitence au cours de veillées ô combien funèbres (certains comme moi en viendront à éviter le dimanche des Rameaux et sa lecture de la passion) ; Elle s’est heureusement reprise en globalisant les fêtes de Pâques en un triduum Pascal (les 3 jours du jeudi saint au jour de Pâques) ce qui permet d’associer plus fortement passion et résurrection.
Alors que les synoptiques ont présenté une passion triste et cruelle comme étant l’œuvre d’un monde juif qui refuse l’hypothèse de Jésus Fils de Dieu, en insistant sur la mort de l’homme, Jean a préféré montrer une passion triste certes, mais comme un passage obligé faisant partie du plan divin : le Fils retourne à son Père. Il n’y a plus de départ, il y a un retour : qui ne pourrait pas comprendre qu’un père souhaite le retour de son fils ? C’est dans ce concept de retour que Jean va placer sa notion d’élévation, celle du corps de Jésus sur la croix, celle du serpent d’airain.
Les spécificités de l’écriture vont se retrouver aussi dans la passion : un vocabulaire choisi (la croix, le gloire, voire, croire…), les liens avec les textes de l’Ancien Testament, des liens internes aux chapitres précédents, un certain nombre de formules particulièrement bien choisies (des bons-mots), la pratique de l’ironie...
Nous allons découvrir dans la passion de St. Jean un nouveau personnage quelque peu mystérieux, le disciple bien-aimé (le DBA), un personnage que l’on pense être l’apôtre Jean lui-même, sans en être tout-à-fait sûr, car il pourrait tout-aussi-bien être un personnage fictif. On l’a découvert un peu plus tôt, c’est celui qui se penche sur la poitrine de Jésus au cours du dernier repas. Il est supposé proche, voire très proche du Maître : il sera surtout l’outil de la communauté johannique pour montrer que Pierre n’était pas le seul modèle de l’Eglise, N’oublions pas que cette communauté était un genre de secte parallèle à l’Eglise officielle, et qu’il lui fallait donc un modèle à suivre : ce sera le disciple bien-aimé.
Découvrons donc cette passion selon St. Jean, ou comment passer de l’absence d’un corps à la présence d’un ressuscité…
Jésus lui dit : « Ne me retiens pas ! car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Pour toi, va trouver mes frères et dis-leur que je monte vers mon Père qui est votre Père, vers mon Dieu qui est votre Dieu. »
Commentaire
Quand on parle de la passion selon St. Jean au monde d’aujourd’hui, celui-ci nous répond l’œuvre de JS Bach. On en aurait oublié la pièce originale.
Jean a plus ou moins suivi la passion de Marc, mais il a tout réécrit, à sa manière. N’oublions pas que la rédaction de l’évangile selon St. Jean est le fruit d’un travail communautaire qui s’est inscrit sur plusieurs années, aux alentours de la fin du 1er siècle. Aucun témoin de la vie de Jésus ne faisait partie de cette équipe rédactionnelle, il ne s’agit pas d’un travail historique qui cherche à retransmettre des faits. Il s’agit d’un texte qui cherche à nous montrer des signes, des signes pour croire. Il s’agit avant tout d’une œuvre littéraire qui a son style bien particulier et dont le contenu peut à la fois paraître proche des autres évangiles, comme il peut paraître parfois sensiblement différent. Cette singularité fait son intérêt.
Puisque nous allons lire cette passion dans le cadre de la semaine sainte, nous irons un peu plus loin que l’étape de l’enterrement de Jésus pour toucher la 1ère rencontre d’un homme (une femme dans ce cas particulier) avec le Ressuscité. Il n’y aurait aucun sens à lire la passion et sa souffrance sans lui adjoindre la résurrection et sa joie. Il est vrai que l’Eglise catholique a lourdement insisté au cours du temps sur le côté sombre de l’exécution de Jésus en couvrant les statues des églises de linges violets et en clamant des chants de pénitence au cours de veillées ô combien funèbres (certains comme moi en viendront à éviter le dimanche des Rameaux et sa lecture de la passion) ; Elle s’est heureusement reprise en globalisant les fêtes de Pâques en un triduum Pascal (les 3 jours du jeudi saint au jour de Pâques) ce qui permet d’associer plus fortement passion et résurrection.
Alors que les synoptiques ont présenté une passion triste et cruelle comme étant l’œuvre d’un monde juif qui refuse l’hypothèse de Jésus Fils de Dieu, en insistant sur la mort de l’homme, Jean a préféré montrer une passion triste certes, mais comme un passage obligé faisant partie du plan divin : le Fils retourne à son Père. Il n’y a plus de départ, il y a un retour : qui ne pourrait pas comprendre qu’un père souhaite le retour de son fils ? C’est dans ce concept de retour que Jean va placer sa notion d’élévation, celle du corps de Jésus sur la croix, celle du serpent d’airain.
Les spécificités de l’écriture vont se retrouver aussi dans la passion : un vocabulaire choisi (la croix, le gloire, voire, croire…), les liens avec les textes de l’Ancien Testament, des liens internes aux chapitres précédents, un certain nombre de formules particulièrement bien choisies (des bons-mots), la pratique de l’ironie...
Nous allons découvrir dans la passion de St. Jean un nouveau personnage quelque peu mystérieux, le disciple bien-aimé (le DBA), un personnage que l’on pense être l’apôtre Jean lui-même, sans en être tout-à-fait sûr, car il pourrait tout-aussi-bien être un personnage fictif. On l’a découvert un peu plus tôt, c’est celui qui se penche sur la poitrine de Jésus au cours du dernier repas. Il est supposé proche, voire très proche du Maître : il sera surtout l’outil de la communauté johannique pour montrer que Pierre n’était pas le seul modèle de l’Eglise, N’oublions pas que cette communauté était un genre de secte parallèle à l’Eglise officielle, et qu’il lui fallait donc un modèle à suivre : ce sera le disciple bien-aimé.
Découvrons donc cette passion selon St. Jean, ou comment passer de l’absence d’un corps à la présence d’un ressuscité…
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