On retrouve ce passage chez Matthieu et chez Jean, comme quoi il est important. Il existe quelques différences qui ne sont pas fondamentales. Chez Matthieu (Mt 8, 5-13) le centurion se déplace pour venir parler à Jésus de son serviteur malade ; chez Jean aussi, c’est ce qu’on appelle le 2ème signe de Cana (en Galilée aussi, pas très loin de Capharnaüm) (Jn 4, 46-54), il s’agit du fils d’un officier royal. Dans tous les cas, la guérison se fera à distance.
Quelques explications pour une lecture intelligente : au v.1, si le peuple est là, c’est pour insister sur l’importance de ce qui va se passer, la foule est synonyme d’Israël. Le Centurion du v.2 commande effectivement une centaine de soldats, mais il n’est probablement pas romain car la Galilée dépendait d’Hérode Antipas et celui-ci avait à sa disposition une milice privée dont il recrutait les membres dans les pays voisins. Il faut comprendre qu’il est probablement d’origine païenne, plus ou moins converti à la religion juive ; il a des amis juifs et il a financé la construction d’une synagogue, il doit être un craignant-Dieu. Ceux-là sont des païens que le judaïsme attire, du fait de son monothéisme et de son éthique de la foi, mais il n’a pas sauté le pas de se faire circoncire : c’était peut-être aussi le cas de Luc. C’est en tout cas un militaire qui fait preuve d’humanité en aimant le pays étranger et en aimant l’homme derrière son esclave.
Il est intéressant de constater que certains amis juifs lui ont recommandé de s’adresser à Jésus pour guérir son esclave ; il y en a donc qui sont à même d’apprécier sa technique clinique, si ce n’est son prêche. Le Centurion comprend son infériorité dans les choses de Dieu, lui-même ne se sent pas digne de recevoir Jésus chez lui. Et pourtant, il a pris l’initiative de faire appel à Jésus. En lui demandant de ne pas venir, que ce soit pour une question de dignité ou de rapidité, le Centurion montre une confiance absolue en la parole de Jésus, à une époque où l’on pensait que les guérisons se faisaient par le toucher.
L’analogie qu’il développe entre lui et Jésus peut être comprise de deux façons : si moi je peux donner des ordres, alors à plus forte raison tu peux en donner aussi. L’autre explication serait de dire : moi j’obéis à des ordres avant d’en donner, j’ai un chef au-dessus de moi, tout comme toi avec Dieu. Au v.9, Jésus va comparer la foi exemplaire de ce centurion à la foi d’Israël…
Ce qui compte en fait est l’interprétation que chacun veut donner de cette histoire. Matthieu va en faire une accusation contre Israël en montrant que nombreux vont être les païens à rejoindre son Eglise (du couchant et du levant). Jean va développer un thème qui lui est cher : heureux ceux qui ont cru sans avoir vu (c’est quand on va lui dire que son fils s’est trouvé mieux à la 7ème heure que le Centurion va comprendre le signe et en déduire l’action de Dieu).
Luc va insister sur le fait que si l’esclave est guéri, c’est à cause de la foi du Centurion ; c’est bien l’amour et la foi, et non pas la présence ou la proximité, qui sauvent. Il va mettre en valeur un thème qui lui est cher, à savoir l’importance des médiations humaines. En effet, Dieu n’est absolument pas présent dans ce passage, mais il agit pleinement. En mettant la médiation de notables juifs pour venir chercher Jésus, Luc cherche à montrer qu’il existe un mouvement d’acceptation de la part des juifs à l’arrivée de païens dans la communauté.
Luther et Calvin vont eux clamer que le Centurion était une personne sous influence…de Dieu, quand il a appelé au secours.
Comme dans l’épisode de la main sèche, le Jésus de Luc n’a rien fait, mais le malade s’est trouvé guéri au passif. Qui a bien pu faire cela ?
Quand Jésus eut achevé tout son discours devant le peuple, il entra dans Capharnaüm. Un centurion avait un esclave malade, sur le point de mourir, qu’il appréciait beaucoup.
Ayant entendu parler de Jésus, il envoya vers lui quelques notables des Juifs pour le prier de venir sauver son esclave. Arrivés auprès de Jésus, ceux-ci le suppliaient instamment et disaient : « Il mérite que tu lui accordes cela, car il aime notre nation et c’est lui qui nous a bâti la synagogue. »
Jésus faisait route avec eux et déjà il n’était plus très loin de la maison quand le centurion envoya des amis pour lui dire : « Seigneur, ne te donne pas cette peine, car je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit. C’est pour cela aussi que je ne me suis pas jugé moi-même autorisé à venir jusqu’à toi ; mais dis un mot, et que mon serviteur soit guéri.
Ainsi moi, je suis placé sous une autorité, avec des soldats sous mes ordres, et je dis à l’un : “Va” et il va, à un autre : “Viens” et il vient, et à mon esclave : “Fais ceci” et il le fait. »
En entendant ces mots, Jésus fut plein d’admiration pour lui ; il se tourna vers la foule qui le suivait et dit : « Je vous le déclare, même en Israël je n’ai pas trouvé une telle foi. »
Et de retour à la maison, les envoyés trouvèrent l’esclave en bonne santé.
Commentaire
On retrouve ce passage chez Matthieu et chez Jean, comme quoi il est important. Il existe quelques différences qui ne sont pas fondamentales. Chez Matthieu (Mt 8, 5-13) le centurion se déplace pour venir parler à Jésus de son serviteur malade ; chez Jean aussi, c’est ce qu’on appelle le 2ème signe de Cana (en Galilée aussi, pas très loin de Capharnaüm) (Jn 4, 46-54), il s’agit du fils d’un officier royal. Dans tous les cas, la guérison se fera à distance.
Quelques explications pour une lecture intelligente : au v.1, si le peuple est là, c’est pour insister sur l’importance de ce qui va se passer, la foule est synonyme d’Israël. Le Centurion du v.2 commande effectivement une centaine de soldats, mais il n’est probablement pas romain car la Galilée dépendait d’Hérode Antipas et celui-ci avait à sa disposition une milice privée dont il recrutait les membres dans les pays voisins. Il faut comprendre qu’il est probablement d’origine païenne, plus ou moins converti à la religion juive ; il a des amis juifs et il a financé la construction d’une synagogue, il doit être un craignant-Dieu. Ceux-là sont des païens que le judaïsme attire, du fait de son monothéisme et de son éthique de la foi, mais il n’a pas sauté le pas de se faire circoncire : c’était peut-être aussi le cas de Luc. C’est en tout cas un militaire qui fait preuve d’humanité en aimant le pays étranger et en aimant l’homme derrière son esclave.
Il est intéressant de constater que certains amis juifs lui ont recommandé de s’adresser à Jésus pour guérir son esclave ; il y en a donc qui sont à même d’apprécier sa technique clinique, si ce n’est son prêche. Le Centurion comprend son infériorité dans les choses de Dieu, lui-même ne se sent pas digne de recevoir Jésus chez lui. Et pourtant, il a pris l’initiative de faire appel à Jésus. En lui demandant de ne pas venir, que ce soit pour une question de dignité ou de rapidité, le Centurion montre une confiance absolue en la parole de Jésus, à une époque où l’on pensait que les guérisons se faisaient par le toucher.
L’analogie qu’il développe entre lui et Jésus peut être comprise de deux façons : si moi je peux donner des ordres, alors à plus forte raison tu peux en donner aussi. L’autre explication serait de dire : moi j’obéis à des ordres avant d’en donner, j’ai un chef au-dessus de moi, tout comme toi avec Dieu. Au v.9, Jésus va comparer la foi exemplaire de ce centurion à la foi d’Israël…
Ce qui compte en fait est l’interprétation que chacun veut donner de cette histoire. Matthieu va en faire une accusation contre Israël en montrant que nombreux vont être les païens à rejoindre son Eglise (du couchant et du levant). Jean va développer un thème qui lui est cher : heureux ceux qui ont cru sans avoir vu (c’est quand on va lui dire que son fils s’est trouvé mieux à la 7ème heure que le Centurion va comprendre le signe et en déduire l’action de Dieu).
Luc va insister sur le fait que si l’esclave est guéri, c’est à cause de la foi du Centurion ; c’est bien l’amour et la foi, et non pas la présence ou la proximité, qui sauvent. Il va mettre en valeur un thème qui lui est cher, à savoir l’importance des médiations humaines. En effet, Dieu n’est absolument pas présent dans ce passage, mais il agit pleinement. En mettant la médiation de notables juifs pour venir chercher Jésus, Luc cherche à montrer qu’il existe un mouvement d’acceptation de la part des juifs à l’arrivée de païens dans la communauté.
Luther et Calvin vont eux clamer que le Centurion était une personne sous influence…de Dieu, quand il a appelé au secours.
Comme dans l’épisode de la main sèche, le Jésus de Luc n’a rien fait, mais le malade s’est trouvé guéri au passif. Qui a bien pu faire cela ?
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