Le démon de Capharnaüm

Evangile selon St. Luc chap. 4, 31-37
mars 7, 2025

Il descendit alors à Capharnaüm, ville de Galilée. Il les enseignait le jour du sabbat, et ils étaient frappés de son enseignement parce que sa parole était pleine d’autorité.

Il y avait dans la synagogue un homme qui avait un esprit de démon impur. Il s’écria d’une voix forte : « Ah ! que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Tu es venu pour nous perdre. Je sais qui tu es : le Saint de Dieu. »

Jésus lui commanda sévèrement : « Tais-toi et sors de cet homme » ; et jetant l’homme à terre au milieu d’eux, le démon sortit de lui sans lui faire aucun mal.

Tous furent saisis d’effroi, et ils se disaient les uns aux autres : « Qu’est-ce que cette parole ! Il commande avec autorité et puissance aux esprits impurs, et ils sortent. »

Et son renom se propageait en tout lieu de la région.

Commentaire

C’est la première fois que Luc nous présente un démon, et ce sera dans la synagogue de Capharnaüm.

Si nous avons aujourd’hui un peu de mal avec cette histoire de démon, à l’époque de Jésus, la tradition juive tout comme la culture grecque avaient développé une démonologie assez élaborée : chez les Grecs, il y avait les bons et les mauvais esprits. Chez les juifs, les démons étaient au service du diable pour combattre les anges qui étaient eux, au service de Dieu ; mais pour les juifs, le diable est une créature de Dieu qui lui obéit. Dieu aurait créé le diable pour que l’homme puisse évaluer la différence entre le bien et le mal.

Parallèlement à ces considérations quelque peu intellectuelles, ou spirituelles au sens propre du terme, il y a une question médicale ; lorsque les gens sont atteints d’un mal connu au niveau clinique, le guérisseur va appliquer un certain nombre de traitements physiques (massages et chiropractie) ou chimiques (la médecine par les plantes ou par la salive). Quand le mal n’est pas cliniquement décrit, on considère que le malade est habité par un démon, et la guérison passera (peut-être) par l’exorcisme : il s’agit d’un traitement assez violent dans lequel les cris et les secousses sont supposées créer un choc psychologique pour remettre un certain nombre de choses en place. Cela peut faire sourire aujourd’hui, mais c’était bien la réalité de l’époque. Et Luc doit s’y connaître, puisqu’on le dit médecin.

Nous nous trouvons aujourd’hui au croisement de ces deux traditions, celle de la spiritualité et celle de la pratique médicale. Nous verrons dans plusieurs passages de Luc et dans d’autres évangiles aussi que les démons, qu’ils parlent ou non, sont beaucoup plus à même de reconnaître l’identité réelle de Jésus que ne le sont les hommes, disciples ou non. C’est comme s’ils avaient un sens caché capable de renifler Dieu à l’odeur, ils sentent l’ennemi et ils ont bien raison : quand le démon perd, c’est Dieu qui gagne. On pourra retrouver cette expression de Luc, le « Saint de Dieu », dans le livre des Juges pour parler de Samson.

Nous l’avons dit souvent : Jésus est le seul guérisseur de ce temps-là qui est capable de conjuguer prêche, exorcisme et thérapie. Sa parole est forte, elle est synonyme de puissance et d’autorité ; cette autorité lui vient du fait que Jésus est capable d’expliquer la Loi, qu’il parvient facilement à faire comprendre à tous son interprétation. Il ne s’agit pas d’une parole déconnectée, d’une série de prières ou de méditations publiques, de discours enflammés qui seraient dénués de sens ; non la parole de Jésus est toujours basée sur la Loi juive, sur la Torah, ce ne sont pas des mots en l’air. Et bien entendu, lorsqu’il s’agit de parler au démon qui habite ce pauvre fou, la parole de Jésus est forte et efficace, au point de faire s’écrouler l’homme à la sortie du démon. On s’amusera de constater que Luc le miséricordieux insiste bien sur le fait que l’homme soit tombé, certes, mais sans conséquence.

Cet exorcisme réussi force l’admiration, une admiration mêlée de crainte religieuse, de celle qui touche ceux qui ont rencontré Dieu. On comprend que déjà dans le public, Jésus est un guérisseur à part, son prêche se conjugue à sa pratique médicale, il se passe quelque chose d’extraordinaire avec Jésus…Luc nous laisse donc entendre que si le public ressent un certain effroi, c’est qu’il rencontre Dieu dans la manifestation des œuvres de Jésus ; ce que les gens de Nazareth n’ont pas saisi, ceux de Capharnaüm l’ont bien compris.

Calendrier

lunmarmerjeuvensamdim
     12
10111213141516
17181920212223
24252627282930
31      
     12
       
  12345
2728     
       
28      
       
1234567
891011121314
15161718192021
22232425262728
2930     
       
Cliquez sur le jour pour lire l'article.

Évangiles

Intro

Avant-Propos

La foi c'est quoi?

Newsletter quotidienne

Une découverte quotidienne de la vie de Jésus, de ses actes et de ses paroles, avec un commentaire libre, laïc, original et sans prétention.

Merci. Vous vous êtes inscrit avec succès à la newsletter.