Nous venons de lire l’ensemble des 5 livres de la Torah, nous sommes donc supposés connaître la Loi. La prochaine étape sera donc de lire les prophètes afin de compléter notre culture religieuse juive. Toutefois, je vous propose d’attendre un peu pour débuter le livre de Josué : en termes de programme, nous avons quelques journées libres avant de se lancer dans la lecture de l’évangile de Jean qui est prévue pour la période pascale, et j’aimerais bien lire un peu de l’évangile de Luc. On nous a dit être dans une année liturgique consacrée à Luc, mais comme il ne s’agit que de la lecture dominicale en temps ordinaire, on ne lirait en fait qu’une trentaine de passages lucaniens, ce qui me paraît vraiment trop peu pour se faire une bonne idée de l’ouvrage. Je vous propose donc de lire jusqu’à Pâques les passages de l’évangile de Luc que l’Eglise a mis de côté dans son programme de lecture. Commençons donc par la nativité.
Il semble qu’il y avait une version primitive de ce récit dans lequel on ne parlait pas des parents : les anges auraient demandé aux bergers de récupérer l’enfant abandonné dans la crèche, de le nourrir et de l’élever. C’est probablement pour cela que Luc a fait un texte qui tient plus de l’annonce aux bergers que d’une véritable nativité, c’est plus l’histoire des bergers que celle de Jésus.
Rien ne colle dans ce passage :
- Bethléem est au sud de Jérusalem alors que Nazareth est au nord de la Samarie, 150 km les séparent et il faut longer le Jourdain pour éviter la montagne de Samarie : pas facile pour une femme enceinte !
- Il n’y a jamais eu de recensement global de l’empire romain au temps d’Auguste, et les dates du recensement partiel organisé par Quirinius ne correspondent absolument pas à la naissance de Jésus, car Quirinius est arrivé à la mort d’Hérode le Grand, pour superviser son héritage.
- Joseph vivant à Nazareth, il n’y a aucune raison qu’il soit recensé dans sa ville de naissance. Déjà au temps des romains on taxait les gens en fonction de leur résidence principale.
- C’est encore moins plausible pour Marie qui n’a aucun lien avec Bethléem. Les traductions peuvent laisser planer le doute : épouse ou fiancée ? En tout cas déjà enceinte, une grossesse bien avancée…Luc veut choquer.
- Il est vrai que les Juifs avaient les recensements en horreur, car seul Dieu a le droit de compter les siens (Nb 1.26), une activité que l’on découvre dans le Psaume 87.6 Le SEIGNEUR inscrit dans le livre des peuples : « A cet endroit est né tel homme ».
Luc, en bon historien, veut nous renseigner sur le temps et sur le lieu de l’intrigue. Et n’oublions pas qu’il est important pour lui de donner une version de l’enfance de Jésus qui soit compatible avec le Fils de Dieu, avec l’envoyé, avec le Messie. Et pour cela, une seule option : Bethléem. Pourquoi ?
- C’est ici que se trouve la tombe de Rachel (Gn 35.16-20)
- C’est la ville de Booz dans le livre de Ruth (Rt 1-2)
- C’est la ville du roi David (1S16.1)
- C’est la ville du Messie qui doit venir : « Et toi, Bethléem-Ephrata, petite parmi les clans de Juda, c’est de toi que sort pour moi celui qui doit gouverner Israël. » (Mi 5, 1)
Il fallait donc bien trouver une raison de déplacer la famille, et ce sera un supposé recensement romain.
Si Luc utilise l’expression de son fils « premier-né », ce n’est pas tant pour ouvrir la porte aux naissances postérieures d’éventuels frères de Jésus que pour créer un lien privilégié entre Jésus et Dieu : tous les premiers-nés lui appartiennent (Nb 18.15).
Une fois de plus le messager divin fait peur aux bergers, mais l’annonce est une véritable bonne nouvelle : un sauveur est né, ce qui est un titre que Juifs et Grecs peuvent connaître. Christ parce que Messie né à Bethléem, Seigneur (oint). L’armée céleste pour désigner les anges qui accompagnent Dieu se trouve en 1R22.19 et correspond à la vision juive pour qui les étoiles étaient mues par les anges. La paix est un don de Dieu.
L’évangile de Luc, ne l’oublions pas, est l’évangile du Salut. Avec Jésus s’accomplit la promesse de l’Ancien Testament. Mais pas tout-à-fait comme prévu : le Messie Seigneur est couché dans une mangeoire, au milieu des animaux. La naissance de Jésus est vraiment une naissance à part, un peu trop peu bling-bling.
Or, en ce temps-là, parut un décret de César Auguste pour faire recenser le monde entier. Ce premier recensement eut lieu à l’époque où Quirinus était gouverneur de Syrie.
Tous allaient se faire recenser, chacun dans sa propre ville ; Joseph aussi monta de la ville de Nazareth en Galilée à la ville de David qui s’appelle Bethléem en Judée, parce qu’il était de la famille et de la descendance de David, pour se faire recenser avec Marie son épouse, qui était enceinte.
Or, pendant qu’ils étaient là, le jour où elle devait accoucher arriva ; elle accoucha de son fils premier-né, l’emmaillota et le déposa dans une mangeoire, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle d’hôtes.
Il y avait dans le même pays des bergers qui vivaient aux champs et montaient la garde pendant la nuit auprès de leur troupeau. Un ange du Seigneur se présenta devant eux, la gloire du Seigneur les enveloppa de lumière et ils furent saisis d’une grande crainte.
L’ange leur dit : « Soyez sans crainte, car voici, je viens vous annoncer une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Il vous est né aujourd’hui, dans la ville de David, un Sauveur qui est le Christ Seigneur ; et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. »
Tout à coup il y eut avec l’ange l’armée céleste en masse qui chantait les louanges de Dieu et disait : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix pour ses bien-aimés. »
Commentaire
Nous venons de lire l’ensemble des 5 livres de la Torah, nous sommes donc supposés connaître la Loi. La prochaine étape sera donc de lire les prophètes afin de compléter notre culture religieuse juive. Toutefois, je vous propose d’attendre un peu pour débuter le livre de Josué : en termes de programme, nous avons quelques journées libres avant de se lancer dans la lecture de l’évangile de Jean qui est prévue pour la période pascale, et j’aimerais bien lire un peu de l’évangile de Luc. On nous a dit être dans une année liturgique consacrée à Luc, mais comme il ne s’agit que de la lecture dominicale en temps ordinaire, on ne lirait en fait qu’une trentaine de passages lucaniens, ce qui me paraît vraiment trop peu pour se faire une bonne idée de l’ouvrage. Je vous propose donc de lire jusqu’à Pâques les passages de l’évangile de Luc que l’Eglise a mis de côté dans son programme de lecture. Commençons donc par la nativité.
Il semble qu’il y avait une version primitive de ce récit dans lequel on ne parlait pas des parents : les anges auraient demandé aux bergers de récupérer l’enfant abandonné dans la crèche, de le nourrir et de l’élever. C’est probablement pour cela que Luc a fait un texte qui tient plus de l’annonce aux bergers que d’une véritable nativité, c’est plus l’histoire des bergers que celle de Jésus.
Rien ne colle dans ce passage :
Luc, en bon historien, veut nous renseigner sur le temps et sur le lieu de l’intrigue. Et n’oublions pas qu’il est important pour lui de donner une version de l’enfance de Jésus qui soit compatible avec le Fils de Dieu, avec l’envoyé, avec le Messie. Et pour cela, une seule option : Bethléem. Pourquoi ?
Il fallait donc bien trouver une raison de déplacer la famille, et ce sera un supposé recensement romain.
Si Luc utilise l’expression de son fils « premier-né », ce n’est pas tant pour ouvrir la porte aux naissances postérieures d’éventuels frères de Jésus que pour créer un lien privilégié entre Jésus et Dieu : tous les premiers-nés lui appartiennent (Nb 18.15).
Une fois de plus le messager divin fait peur aux bergers, mais l’annonce est une véritable bonne nouvelle : un sauveur est né, ce qui est un titre que Juifs et Grecs peuvent connaître. Christ parce que Messie né à Bethléem, Seigneur (oint). L’armée céleste pour désigner les anges qui accompagnent Dieu se trouve en 1R22.19 et correspond à la vision juive pour qui les étoiles étaient mues par les anges. La paix est un don de Dieu.
L’évangile de Luc, ne l’oublions pas, est l’évangile du Salut. Avec Jésus s’accomplit la promesse de l’Ancien Testament. Mais pas tout-à-fait comme prévu : le Messie Seigneur est couché dans une mangeoire, au milieu des animaux. La naissance de Jésus est vraiment une naissance à part, un peu trop peu bling-bling.
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