Après les béatitudes et l’amour des ennemis, Luc nous rassemble ici un certain nombre de métaphores et d’anciennes sagesses toutes issues de la source Q et partagées avec Matthieu, pour nous montrer le chemin du chrétien. Si on décèle chez son confrère Matthieu une critique permanente des pharisiens, chez Luc il est probable que ce discours s’adresse plutôt aux chefs de sa propre communauté en ce qui concerne la question de l’exemple et de l’enseignement, voire à certains fidèles plutôt aisés dont on a du mal à comprendre le peu de générosité (en ce qui concerne le fruit).
Il y avait au sein des communautés chrétiennes deux mouvements de fond : les rigoristes pour lesquels Jésus n’ayant jamais critiqué l’ordre juif, l’application de la Loi reste une priorité même si son interprétation doit être différente du monde juif. Et il y a aussi les antinomistes tels que Paul, qui pensent que seule la loi de l’amour est applicable dans les faits. Si quelqu’un veut imposer une autre loi que celle de l’amour, alors il est considéré comme un mauvais arbre portant de mauvais fruits.
Le couplet sur les aveugles vise une certaine mise en cause de la formation spirituelle telle que celle mise en place par les écoles juives ; chez elles en effet, l’objectif de tout élève est de devenir maître, sur la seule connaissance de la Loi. Le message subliminal est que la Loi juive ne mène pas à grand-chose, si ce n’est vers le trou : dans l’Ancien Testament, le trou était une image du jugement dernier, d’un jugement divin dont on ne s’échappe pas (voir à ce sujet deux tableaux de Peter Brueghel). Pour Luc, devenir chrétien est une manière pour les juifs de découvrir une nouvelle réalité, d’ouvrir les yeux sur un monde réel d’hommes qui souffrent et s’entre-tuent quand ils pourraient s’aimer. Luc attend donc un peu d’efficacité.
Le couplet sur la paille et la poutre est aussi une image juive utilisée pour imposer les règles de réciprocité. En appliquant cette image à l’enseignement, Luc en change beaucoup le sens. Il convient donc pour enseigner de faire d’abord une inspection de soi-même, de s’ouvrir aux paroles d’amour de Jésus, de reconnaître ses propres faiblesses (la poutre), de s’engager à changer (enlever la poutre) et après seulement de regarder la paille du voisin, mais avec la volonté de l’aider à l’enlever plutôt qu’en voulant le critiquer.
Les 3 derniers versets sur l’arbre et le fruit sont à rapprocher de l’impureté qui entre ou qui sort de l’homme (Matthieu et Marc sur les commandements de rites alimentaires) ; si c’est aux fruits qu’on juge de la qualité de l’arbre, c’est aux paroles et aux actes qu’on juge la qualité de l’homme. Ce dernier est pour Luc totalement responsable de ce qu’il fait et de ce qu’il dit.
Une fois de plus, Luc nous explique que le comportement chrétien dépasse le comportement des autres, car il doit prendre en compte la loi de l’amour de Jésus, et que cela doit se voir.
Il leur dit aussi une parabole : « Un aveugle peut-il guider un aveugle ? Ne tomberont-ils pas tous les deux dans un trou ? Le disciple n’est pas au-dessus de son maître, mais tout disciple bien formé sera comme son maître ».
« Qu’as-tu à regarder la paille qui est dans l’œil de ton frère ? Et la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ? Comment peux-tu dire à ton frère : “Frère, attends. Que j’ôte la paille qui est dans ton œil”, toi qui ne vois pas la poutre qui est dans le tien ? Homme au jugement perverti, ôte d’abord la poutre de ton œil ! et alors tu verras clair pour ôter la paille qui est dans l’œil de ton frère.
« Il n’y a pas de bon arbre qui produise un fruit malade, et pas davantage d’arbre malade qui produise un bon fruit. Chaque arbre en effet se reconnaît au fruit qui lui est propre : ce n’est pas sur un buisson d’épines que l’on cueille des figues, ni sur des ronces que l’on récolte du raisin.
L’homme bon, du bon trésor de son cœur, tire le bien, et le mauvais, de son mauvais trésor, tire le mal ; car ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur.
Commentaire
Après les béatitudes et l’amour des ennemis, Luc nous rassemble ici un certain nombre de métaphores et d’anciennes sagesses toutes issues de la source Q et partagées avec Matthieu, pour nous montrer le chemin du chrétien. Si on décèle chez son confrère Matthieu une critique permanente des pharisiens, chez Luc il est probable que ce discours s’adresse plutôt aux chefs de sa propre communauté en ce qui concerne la question de l’exemple et de l’enseignement, voire à certains fidèles plutôt aisés dont on a du mal à comprendre le peu de générosité (en ce qui concerne le fruit).
Il y avait au sein des communautés chrétiennes deux mouvements de fond : les rigoristes pour lesquels Jésus n’ayant jamais critiqué l’ordre juif, l’application de la Loi reste une priorité même si son interprétation doit être différente du monde juif. Et il y a aussi les antinomistes tels que Paul, qui pensent que seule la loi de l’amour est applicable dans les faits. Si quelqu’un veut imposer une autre loi que celle de l’amour, alors il est considéré comme un mauvais arbre portant de mauvais fruits.
Le couplet sur les aveugles vise une certaine mise en cause de la formation spirituelle telle que celle mise en place par les écoles juives ; chez elles en effet, l’objectif de tout élève est de devenir maître, sur la seule connaissance de la Loi. Le message subliminal est que la Loi juive ne mène pas à grand-chose, si ce n’est vers le trou : dans l’Ancien Testament, le trou était une image du jugement dernier, d’un jugement divin dont on ne s’échappe pas (voir à ce sujet deux tableaux de Peter Brueghel). Pour Luc, devenir chrétien est une manière pour les juifs de découvrir une nouvelle réalité, d’ouvrir les yeux sur un monde réel d’hommes qui souffrent et s’entre-tuent quand ils pourraient s’aimer. Luc attend donc un peu d’efficacité.
Le couplet sur la paille et la poutre est aussi une image juive utilisée pour imposer les règles de réciprocité. En appliquant cette image à l’enseignement, Luc en change beaucoup le sens. Il convient donc pour enseigner de faire d’abord une inspection de soi-même, de s’ouvrir aux paroles d’amour de Jésus, de reconnaître ses propres faiblesses (la poutre), de s’engager à changer (enlever la poutre) et après seulement de regarder la paille du voisin, mais avec la volonté de l’aider à l’enlever plutôt qu’en voulant le critiquer.
Les 3 derniers versets sur l’arbre et le fruit sont à rapprocher de l’impureté qui entre ou qui sort de l’homme (Matthieu et Marc sur les commandements de rites alimentaires) ; si c’est aux fruits qu’on juge de la qualité de l’arbre, c’est aux paroles et aux actes qu’on juge la qualité de l’homme. Ce dernier est pour Luc totalement responsable de ce qu’il fait et de ce qu’il dit.
Une fois de plus, Luc nous explique que le comportement chrétien dépasse le comportement des autres, car il doit prendre en compte la loi de l’amour de Jésus, et que cela doit se voir.
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