Hier la Toussaint, aujourd’hui la fête des défunts. Le choix de l’évangile étant libre, j’ai choisi ce passage de Jean à propos de Lazare.
Nous avons râlé comme Marthe et comme Marie : « si tu avais été là mon frère ne serait pas mort ». Qui n’a pas ressenti un mouvement d’humeur lié au sentiment de tristesse, un sentiment d’injustice : pourquoi moi, pourquoi elle, pourquoi lui, pourquoi maintenant…
Nous avons sûrement pleuré comme Jésus, car l’émotion fait pleurer et que l’émotion est le propre de l’homme. Ce que Jean veut mettre en valeur par les pleurs de Jésus est son humanité réelle (mais contestée par certains dans sa communauté).
Jésus crie « Lazare sors ! » Et il semble que Lazare soit sorti, même s’il était encore lié de ses bandelettes et qu’il n’y voyait rien avec la tête couverte d’un linge.
Et en ce jour des défunts, nous sommes nombreux à penser que le « Lazare sors ! » ne marche pas chez nous, et que nos morts semblent sourds à notre appel.
Dans le symbolisme de Jean, le « Lazare sors ! » est un mouvement de la mort vers la vie : il correspond à la communauté qui sort de la maison du deuil pour accueillir Jésus, il correspond à la porte du tombeau qui était fermée et qui est maintenant ouverte.
Ce que personne n’a compris dans l’assistance (et surement pas les juifs qui vont décider de l’éliminer) est que le « Lazare sors ! » était pour eux, pas forcément pour Lazare. Jean est le seul à parler de la résurrection de Lazare, aucun des autres évangélistes n’en parlent. Pour prouver qu’il est capable de vaincre la mort, Jésus n’a pas besoin de Lazare, sa propre résurrection devrait suffire. Si Jean a besoin de Lazare, c’est pour secouer les juifs, pour leur faire comprendre que la résurrection est maintenant, pas au dernier jour comme Jésus l’expliquera à Marie.
Quand Jésus dit « Lazare sors ! », il s’adresse à nous qui sommes effondrés peut-être, quand nous pensons aux êtres chers qui nous ont quitté. Jésus n’a jamais promis d’empêcher la mort du corps, le deuil fait partie de la vie humaine. Ce que dit Jésus est que la véritable mort est la vie en l’absence de Dieu, qui vit avec Dieu ne meurt pas.
Jésus nous secoue, il nous appelle à sortir de notre « petite mort » comme le dit Souchon, il nous dit de laisser les morts enterrer leurs morts, ceux qui ont décidé de ne pas connaître la vie véritable en refusant Dieu.
La meilleure façon de ne pas laisser la mémoire de nos proches se mourir en nous, c’est probablement de les garder vivants au fond de notre cœur. Et ce pas seulement le jour des défunts.
Quand il dit « Lazare sors ! », c’est pour nous.