La loi de l’esclave

Exode 21, 1-11
septembre 19, 2024

Voici les règles que tu leur exposeras :

Quand tu achèteras un serviteur hébreu, il servira six années ; la septième, il pourra sortir libre, gratuitement.

S’il était entré seul, il sortira seul. S’il possédait une femme, sa femme sortira avec lui. Si c’est son maître qui lui a donné une femme et qu’elle lui a enfanté des fils ou des filles, la femme et ses enfants seront à leur maître, et lui, il sortira seul.

Mais si le serviteur déclare : « J’aime mon maître, ma femme et mes fils, je ne veux pas sortir libre », son maître le fera approcher de Dieu, il le fera approcher de la porte ou du montant et son maître lui percera l’oreille au poinçon : il le servira à jamais.

Et quand un homme vendra sa fille comme servante, elle ne sortira pas comme sortent les serviteurs. Si elle déplaît à son maître au point qu’il ne se l’attribue pas, il la fera racheter. Il n’aura pas le droit de la vendre à un peuple étranger, ce serait la trahir.

Et s’il l’attribue à son fils, il agira pour elle selon la coutume concernant les filles.

S’il en prend une autre pour lui, il ne lui réduira pas la nourriture, le vêtement, la cohabitation. Et s’il ne lui procure pas ces trois choses, elle pourra sortir gratuitement, sans verser d’argent.

Commentaire

Comme je vous l’avais dit hier, cette partie de l’Exode appelée le code de l’Alliance (Ex 20.21-23.33) est avant tout un code juridique, construit à la manière d’autres codes civils du Proche Orient Ancien, dont le plus connu est le code de Hammurabi écrit sur une stèle cylindrique gardée au musée du Louvre et qui date de -1750. D’autres codes nous sont parvenus, tous basés sur la même structure. Alors que les codes civils étaient proclamés par un roi (Ur, Hammurabi, Lipit-Ishtar et autres rois de la Mésopotamie), le code de l’Alliance est proclamé par Dieu. On trouvait dans ces codes l’ensemble des lois nécessaires à une vie en communauté pacifique, avec l’idée que le Prince régnant se doit de protéger le faible, la veuve et l’orphelin. Dans le code d’Hammurabi, on trouve par exemple des normes sur le fonctionnement de la justice, sur le droit agricole et foncier, sur le droit commercial, sur le droit de la famille, la question des coups et blessures, les normes régissant certaines professions particulières mais aussi le droit des esclaves ; l’esclavage fut une réalité pendant des siècles. Certains esclaves étaient prisonniers de guerre, mais d’autres étaient simplement des filles et des fils de bonne famille vendus par leurs pères pour régler des dettes d’argent.

Il existe donc 3 codes de lois de Moïse dans l’Ancien Testament ; dans le cas de l’esclavage, il nous faut donc comparer Exode 21,1-11 avec Deutéronome 15, 12-23 et Lévitique 23,35-46. Ces normes ont plutôt tendance à protéger l’esclave, de plus en plus même si l’on peut trouver cela tout-à-fait horrible d’un point de vue « wokisme ». On peut noter dans ce texte que le droit des femmes délaissées est un peu amélioré.

Il est facile de noter l’évolution du degré de protection dans le cas de l’esclave hébreu : la durée de son service est limitée à 6 ans dans l’Exode, il sera ensuite renvoyé libre. Dans le Deutéronome, il sera renvoyé libre mais en plus, on lui donnera les moyens de sa subsistance, et dans le Lévitique, il ne pourra être employé par un autre juif qui devra le prendre comme serviteur salarié. A partir du Deutéronome, c’est le souvenir de la condition d’esclave du peuple juif en Egypte qui sera la justification de cette protection particulière, Dieu n'a pas tiré le peuple juif de sa condition d’esclave pour qu’il y retourne ensuite.

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