Les lectures de la semaine sont très orientées vers Jérémie, c’est pour cela que j’ai choisi un passage de Jr 31 aujourd’hui, et nous en auront un autre demain qui est important. Quelle est cette histoire de Rachel qui pleure ?
Ceux qui ont lu la Genèse connaissent un peu l’histoire de Jacob qui tombe fou amoureux de Rachel, une très belle fille qu’il rencontre au puits. Il va la demander en mariage à Laban son père, qui va lui refiler Léa sa sœur aînée au bout de 7 années de labeur ; il faudra qu’il en remette 7 de plus pour avoir enfin Rachel. Celle-ci était stérile ; sa servante donna deux fils à Jacob, puis elle enfanta finalement Joseph, retomba enceinte mais au cours du voyage avec son époux qui entre temps avait décidé de quitter Laban, elle mourut en donnant naissance à Benjamin.
Genèse 35.18 « Dans son dernier souffle, au moment de mourir, elle l'appela Ben-Oni — c'est-à-dire Fils-du-deuil — mais son père l'appela Benjamin — c'est-à-dire Fils-de-la-droite. Rachel mourut et fut enterrée sur la route d'Ephrata, c'est-à-dire Bethléem. Jacob érigea une stèle sur sa tombe : c'est la stèle de la tombe de Rachel, aujourd'hui encore. »
Jérémie reprend cette histoire pour écrire un poème sur les femmes qui pleurent leurs enfants déportés vers Babylone ; ce ne peut être le cas de Rachel puisqu’elle est morte bien avant ses enfants. Mais on croit savoir qu’il y avait une ville à 8 km au nord de Jérusalem qui s’appelait Rama et qui était le lieu de rassemblement des juifs que l’on allait déporter, une sorte de Drancy de -607. Rachel depuis sa tombe voyaient passer les jeunes hébreux enchaînés. Rachel a ému Dieu qui du coup, annonce le retour d’exil des enfants disparus !
Cette femme, Rachel, est devenue dans la tradition juive le modèle de toutes les mères effondrées parce que confrontées à la disparition de leurs enfants. On dit que Rachel pleure encore aujourd’hui. C’est ce que Matthieu a dit en parlant de Hérode et du massacre des saints innocents. Et c’est encore ce qu’on disait au moment de la Shoah…
Le peuple a toujours eu besoin d’une pleureuse qui le comprenne. Et c’est probablement l’image de Marie des douleurs, Dolorosa, qui pleurait au pied de la croix. Un bel exemple d’une tradition que la piété populaire perpétue.