Bien entendu il faut lire ce passage comme la suite du précédent, la miséricorde plutôt que le sacrifice. Il convient que l’on comprenne ce que Jésus veut changer à la Loi en cours, c’est très important pour la communauté de Matthieu qui la pratiquait il y a peu de temps encore. On a compris que Jésus se désintéresse des rites de pureté puisqu’il mange avec les pécheurs ; mais qu’en est-il des règles du jeûne, du code vestimentaire et de l’usage des mesures ?
Le seul jeûne réglementaire de la Torah est celui du Yom Kippour. Les rabbins ont ajoutés plusieurs jeûnes règlementaires, comme le jeûne de l’affliction ou du deuil dont on parle ici. Les pharisiens en font un peu plus, puisqu’ils jeûnent deux jours par semaine, les lundis et les jeudis. En fait Jésus pratique assez volontiers le jeûne quand il se retire pour prier, mais c’est un choix personnel. Comme règle de groupe, il y a fort à parier que Jésus ne remet pas en cause le jeûne du grand pardon, mais il ne suit certainement pas les autres jeûnes prévus par les rabbins.
L’objectif de Matthieu est de montrer qu’il faut à tout prix sortir de la piété traditionnelle juive, que pour lui, les habits, les mesures et les autres rites démonstratifs que les pharisiens tendent à exagérer n’ont aucune importance.
Le message est aussi de montrer que ni les pharisiens ni les gens de la communauté du Baptiste n’ont encore compris que Jésus était l’époux messianique que le monde attend.