Nous avons ici un rappel assez simple de l’œuvre de Jésus pour ses disciples, et de ce qui constitue l’acte fondateur de la communauté des chrétiens.
Jésus a manifesté le nom du Père : il s’agit de la révélation historique (le verbe grec insiste sur l’aspect d’un évènement nouveau et tout-à-fait historique) du nom de Dieu, et au travers de ce nom, de la volonté et de la personnalité (je sais, oui, c’est un peu osé) de Dieu. On comprend que cela va beaucoup plus loin que le YHWH de la bible. Il y a a dans la manifestation du nom de Dieu l’enseignement sur ce que Dieu attend de l’homme, mais aussi de sa bonté et de sa miséricorde, et bien plus encore…
Le point commun des disciples est d’avoir accepté la personne de Jésus comme le fils de Dieu, et d’avoir accepté le fait que Jésus ne faisait que transmettre l’enseignement du père, qu’il n’était que dans le rôle du haut-parleur, qu’ils n’ont aucun doute quant à la source de l’enseignement de Jésus.
Il y a aussi dans ce passage un point important et très compliqué de la foi chrétienne, la notion d’élection divine. Ce que dit Jean, c’est que le Père a sélectionné un certain nombre d’hommes pour venir auprès de Jésus et entendre sa parole. C’est un point délicat car aucune indication n’est donnée sur la base de la sélection (tous les hommes sont-ils susceptibles de faire partie de la sélection ?) ni même sur les critères de sélection. Puisque les textes ne donnent aucun détail, on peut imaginer que de nombreux spécialistes s’y sont essayés, en commençant par Paul qui parle de l’élection divine dans ses lettres (je vous rappelle que Paul a écrit bien avant Jean) ; mais ensuite, les Augustin, Thomas d’Aquin et autres s’y sont donnés à cœur joie, en particulier les maîtres de la Réforme qui ont développé toute une théorie de la prédestination.
Du texte d’aujourd’hui, on pense comprendre que le Père a choisi un certain nombre d’hommes qu’il a confié à l’enseignement de son fils, et que cet enseignement a donné en retour la connaissance de Dieu aux élus du Père.
Le sujet est éminemment complexe et il offre une porte ouverte à toute sorte d’interprétations. On pourrait comprendre que Dieu a dit à tous les hommes (ou presque) d’aller écouter ce que racontait Jésus, et que seule une minorité l’aurait fait. Pourquoi certains croient-ils et d’autres non, un nombre incalculable de théologiens ont voulu résoudre cette équation…sans jamais y parvenir.
L’idée qui subsiste est que la foi est un don de Dieu. On n’en saura pas plus.