On retrouve un peu le chapitre 13 de Jean : « je vous donne un commandement nouveau ».
Nous sommes toujours dans l’exploitation de la métaphore de la vigne et des sarments, avec ce passage de sève : vous obéissez et moi je vous donne de l’amour, et alors vous demeurez bien accrochés, vous ne serez pas jetés au feu. Cela parait simple. Obéir, mais obéir à quoi ?
Nous obtenons la réponse : le commandement est l’amour fraternel dans la communauté. Obéir, c’est aimer. Aimer entre frères du même type d’amour que Jésus a eu pour les disciples, et là c’est plus compliqué car il y a la croix. L’amour de Jésus pour ses disciples, c’est jusqu’à la mort. Nous avons vu que cet idéal de l’amitié jusqu’à la mort est présent dans la philosophie grecque (Platon et Aristote) et dans la tradition juive.
Ce qui caractérisait la relation du maître et de l’esclave, c’est que l’esclave dépendait du bon-vouloir de son maître, il était complètement soumis à son arbitraire. Et c’est le non-savoir qui mène à l’aliénation. Si le commandement est d’aimer, alors l’obéissance devient amour, et le serviteur devient l’ami. Et Jésus de confirmer : je ne vous ai rien caché de ma volonté ou de celle de mon père, vous savez. C’est Jésus qui a choisi ses disciples, pas le contraire : il s’agit donc d’une amitié par élection. L’amitié suppose la proximité, avec le Fils, avec le Père qui exaucera les prières pour peu qu’elles ne soient pas trop personnelles mais qu’elles soient dirigées vers le développement des fruits.
On retrouve le schéma d’Esaïe 41,8 : « Israël mon serviteur, Jacob que j’ai choisi, héritiers d’Abraham, mon ami ». Pour Jean, la croix n’est pas que la preuve de l’amour du Fils pour le Père, c’est aussi la preuve de l’amour de Jésus pour ses disciples.
Jésus attend une communauté de sarments soudés dans un amour fraternel qui rend fort.