Ce texte a été repris par les 4 évangélistes, il fait partie des traditions anciennes communes aux chrétiens du 1er siècle. La marche sur l’eau est un élément récurrent des textes de l’Ancien Testament (on est assez proche de la traversée de la mer Rouge) et de la mythologie grecque (Orion, Poséidon) : à chaque fois c’est le signe d’une théophanie, l’apparition du divin sur la terre. C’est tellement dans la culture de tout le monde que cette histoire n’est pas vraiment un miracle inattendu : il n’y a aucun doute, celui qui marche sur les flots est divin.
Chez Jean, l’épisode est succinct et un peu différent des autres: il n’y a pas de situation de détresse, Jésus n’est pas pris pour un fantôme, la tempête n’est pas apaisée, Jésus ne monte pas à bord et on pourrait presque dire que le miracle est dans l’accostage immédiat, comme dans le Psaume 107.30 : « Ils se sont réjouis de ce retour au calme et Dieu les a guidés au port désiré ».
Deux petits points amusants : lorsque Jésus n’est pas là, il fait nuit, ce qui devrait nous rappeler notre petite histoire sur le monde dans les ténèbres. Ensuite, le « c’est moi, n’ayez pas peur » , commun aux 4 textes, est en fait en grec le « Je suis » de l’Exode 6, on a la même phrase que lorsque Jésus répond « c’est moi » à la cohorte qui le cherche avant sa passion.
Si Jean a repris cette vieille histoire et l’a placée ici, c’est uniquement qu’elle répond à la question suivante : Et qui c’est qui a nourri tout le monde hier ?
La réponse est claire, un Jésus qui marche sur l’eau, c’est Dieu. Chez Jean Dieu calme les disciples, pas la tempête.