Nous sommes à la fin de la première version de l’évangile de Jean, puisque nous savons déjà que le chapitre 21 a été ajouté plus tard. Nous avons 3 paragraphes dans ce passage : une 1ère apparition aux disciples avec la Pentecôte de Jean, l’épisode de Thomas et la conclusion de l’évangile.
L’apparition aux disciples est proche de l’évangile de Luc 24, 36-49. On se souvient que Luc va placer la Pentecôte au début des Actes des apôtres, ici Jean le fait lors de l’apparition collective d’une manière très succincte. Jésus souffle sur eux son esprit, un clin d’œil marqué à la création de l’homme (Genèse 2.7) pour mettre en place une nouvelle humanité, celle des chrétiens en période postpascale. Le don de l’Esprit est conjoint à l’envoi en mission, il va être la force nécessaire pour mener à bien la mission. Il s’agit réellement d’un passage de témoin entre Jésus et ses disciples.
L’épisode de Thomas, qui est une exclusivité de Jean, a été rédigé pour répondre à une préoccupation sensible des chrétiens de seconde génération, ceux qui n’ont jamais vu le Christ. Tous se disent : Ah si on avait vu de nos yeux, alors il serait bien plus facile de croire. Si ce passage nous touche particulièrement, c’est bien parce qu’il s’adresse à nous aussi.
Essayons de comprendre : Thomas est un disciple, mais un disciple absent. En tant que disciple, il devrait croire dans la divinité de Jésus et devrait être capable de croire en la parole de ses collègues, car enfin, Jésus les avait informé de ce qui allait se passer, et Thomas qui était auprès de Jésus dans l’épisode résurrection de Lazare au chapitre 11, était quand même bien placé pour croire à une possible résurrection. Mais cela n’a pas suffi. Il a décidé de soumettre sa foi à son jugement d’homme, il exige de toucher pour croire.
Seulement voilà, Jésus débarque de nouveau et le prend au mot : vas-y, touche ! Et d’ailleurs, ce qui est formidable est que Thomas ne va pas toucher, il voit exactement comme les autres sans ajouter le geste à la vue. Mais devant son maître, il n’hésite pas un seul instant pour clamer bien fort : mon Seigneur et mon Dieu, ce qu’aucun des autres n’a fait.
Que peut-on en conclure ? Tout simplement que le doute lui a permis d’affermir sa foi. Le doute n’est pas forcément négatif, il doit permettre le questionnement, l’étude et la réflexion. De ce travail va naître une foi plus pure et plus profonde. Et c’est pour cela que Thomas ne fait pas que reconnaître que Jésus est ressuscité (il n’en dit rien d’ailleurs), mais il va tout de suite passer à proclamer que Jésus est non seulement son Seigneur (son maître) mais aussi qu’il est Dieu, tout ce que les juifs ont refusé de croire.
La foi n’est pas une science, il ne s’agit pas d’accumuler des preuves irréfutables. Il s’agit d’étudier, de réfléchir, de méditer, d’écouter et de croire.
Un point me paraît important en cette fin d’évangile : chaque fois que le Christ apparaît et qu’il se fait reconnaître, que ce soit avec Marie-Madeleine, avec les pèlerins ou avec les disciples, voire même avec Thomas, chaque fois c’est Jésus qui en prend l’initiative.
La conclusion de l’évangile est limpide : des signes pour croire, et c’est la foi qui donne la vie en plénitude, la vie éternelle, la vie avec Dieu.