Nous avons sauté un passage du chapitre 8, un peu compliqué il est vrai car la discussion s’envenimant, on a fait intervenir le démon dans la controverse…Nous poursuivons le développement sur la foi durable, croire en Jésus Fils de Dieu est la clef pour connaître la vie en Dieu.
Nous allons donc avoir un premier malentendu sur la notion de mort : on se souvient que si pour les juifs, ou pour nous, la mort est le moment où notre cœur s’arrête de battre, pour Jésus (ou pour Jean), la mort est l’absence de Dieu. Le second malentendu sera sur la date, et l’utilisation du temps des verbes : le temps de Dieu n’est pas celui des hommes.
L’idée de ce passage est toujours celle de l’omniscience et de la préexistence de Jésus qui vit dans le temps divin et non dans le temps des hommes. Abraham croyait en Dieu, il est donc resté dans le milieu de Dieu à sa mort terrestre ; Jean nous décrit ce milieu comme étant celui d’une proximité forte entre tous ceux qui vivent en Dieu, Jésus est donc parfaitement au courant des états d’âme (jeu de mots ?) d’Abraham.
Cette description d’une réalité transcendantale dans laquelle il fait bon vivre peut faire sourire, elle n’en demeure pas moins la solution trouvée par Jean pour convaincre les anciens juifs qui formaient une bonne part de sa communauté. Il y avait une compétition entre deux systèmes monothéistes, avec le Dieu des juifs et celui de Jésus. Il était important pour les nouveaux chrétiens de bien mettre en évidence les différences tout en maintenant une certaine unité : il aurait été dommage de créer une barrière entre les juifs acquis à la foi chrétienne et les autres chrétiens, alors que Paul faisait tout pour assembler ces deux parties de l’Eglise. Il faut donc convaincre les juifs, en tout cas ceux qui sont déjà entrés en chrétienté et qui relaient les critiques et les arguments de ceux qui sont restés à la synagogue, que le Père en question, celui de Jésus et celui d’Abraham, ne font qu’un.
C’est pourquoi dans ce passage, Jésus invoque sa proximité avec Abraham (alors que c’étaient les juifs qui en parlaient jusqu’à maintenant). On se souvient que dans la Genèse, Abraham et Sarah sont souvent dans l’allégresse…Par la différence des temps, le fameux « Je suis » opposé à « Abraham fût », le « je suis » de l’Exode 3.14 : Dieu dit à Moïse : « JE SUIS QUI JE SERAI. » Il dit : « Tu parleras ainsi aux fils d'Israël : JE SUIS m'a envoyé vers vous. »
Le dernier verset prouve que les juifs ont bien compris, mais qu’ils ne sont pas près d’accepter.