Le massacre de Sichem

Gn 34
mars 7, 2024

Dina, la fille que Léa avait donnée à Jacob, sortait pour retrouver les filles du pays. Sichem, fils de Hamor le Hivvite, chef du pays, la vit, l’enleva, coucha avec elle et la viola. Il s’attacha de tout son être à Dina, la fille de Jacob, il se prit d’amour pour la jeune fille et lui parla cœur à cœur.

Sichem s’adressa à son père Hamor et lui dit : « Prends-moi cette enfant pour femme. »

Jacob avait appris qu’il avait souillé sa fille Dina ; mais comme ses fils étaient à la campagne avec le troupeau, il se tut jusqu’à leur retour.

Hamor, père de Sichem, sortit pour parler à Jacob.

Les fils de Jacob revinrent de la campagne. Dès qu’ils l’apprirent, ces hommes se sentirent outragés et s’en irritèrent violemment, car Sichem avait commis une infamie en Israël en couchant avec la fille de Jacob ; on ne doit pas agir ainsi.

Hamor parla avec eux en ces termes : « Sichem, mon fils, est épris de votre fille de tout son être, donnez-la-lui pour femme. Alliez-vous par mariage avec nous : vous nous donnerez vos filles et vous prendrez pour vous les nôtres. Vous habiterez avec nous, le pays vous sera ouvert : habitez-y, faites-y vos affaires et devenez-y propriétaires. »

Sichem s’adressa au père de la jeune fille et à ses frères : « Que je trouve grâce à vos yeux et je vous donnerai ce que vous me direz. Imposez-moi lourdement pour la dot et la donation, je paierai exactement ce que vous me direz, mais donnez-moi la jeune fille pour femme. »

Les fils de Jacob répondirent à Sichem et à Hamor son père. Non sans fraude, ils parlèrent à celui qui avait souillé leur sœur Dina. Ils leur dirent : « Nous ne pouvons faire ce que tu dis et donner notre sœur à un homme incirconcis car ce serait pour nous un opprobre. Nous ne vous donnerons notre consentement que si vous devenez pareils à nous en faisant circoncire tous vos mâles. Nous vous donnerons nos filles, nous prendrons pour nous les vôtres, nous habiterons avec vous et nous formerons un seul peuple.

Si vous n’acceptez pas de nous la circoncision, nous reprendrons notre fille et nous partirons. »

Leurs propos plurent à Hamor et à son fils Sichem. Le jeune homme ne tarda pas à exécuter ce qui avait été dit, car il voulait la fille de Jacob. Il était des plus influents dans la maison de son père.

Hamor et son fils Sichem s’en vinrent à la porte de leur ville et parlèrent en ces termes à leurs concitoyens : « Ces gens sont en paix avec nous, qu’ils habitent dans notre pays et qu’ils y fassent des affaires et que ce pays leur soit largement ouvert ; épousons leurs filles et donnons-leur les nôtres. Toutefois ces gens ne consentiront à habiter avec nous pour former un seul peuple que si tous nos mâles sont circoncis comme les leurs. Leur cheptel, leurs biens et tout leur bétail ne seront-ils pas à nous si seulement nous leur donnons ce consentement pour qu’ils puissent habiter avec nous ? »

Tous ceux qui sortaient à la porte de la ville écoutèrent Hamor et son fils Sichem ; tous les mâles furent circoncis, tous ceux qui sortaient à la porte de la ville.

Or, le troisième jour, alors que les hommes étaient souffrants, les deux fils de Jacob, Siméon et Lévi, frères de Dina, entrèrent l’épée à la main dans la ville à coup sûr et tuèrent tous les mâles. Ils passèrent au tranchant de l’épée Hamor et son fils Sichem, ils reprirent Dina dans la maison de Sichem et en ressortirent.

Les fils de Jacob s’en prirent aux blessés et pillèrent la ville parce qu’on avait souillé leur sœur. Ils s’emparèrent de leur petit et de leur gros bétail, de leurs ânes, de ce qui était dans la ville et dans la campagne ; ils capturèrent toutes leurs richesses, tous leurs enfants, leurs femmes, et ils pillèrent tout ce qui était à la maison.

Jacob dit à Siméon et à Lévi : « Vous m’avez porté malheur en me rendant odieux aux habitants du pays, Cananéens et Perizzites. Nous ne sommes qu’un petit nombre, ils vont s’unir contre moi et m’abattre, je serai exterminé, moi et ma maison. »

Ils répondirent : « Devait-on traiter notre sœur en prostituée ? » 

Commentaire

Le point central du passage est le suivant : une minorité itinérante et émigrée peut-elle ou doit-elle imposer ses rites aux autochtones ? Si c’est bien un sujet d’actualité pour les musulmans, il l’a toujours été aussi pour les juifs.

Les termes utilisés peuvent être trompeurs : il n’y a probablement pas eu viol au sens actuel du terme, Dina était probablement consentante, car on ne peut guère mettre en doute la passion que lui voue Sichem prêt à tout pour la prendre comme femme. Il était déjà possible de récupérer ce genre d’erreur en transformant un emballement soudain en un beau mariage. On voit bien qu’assez rapidement on ne parle plus de la circoncision du seul Sichem, mais de tous les mâles du pays avec en vue, un accès aux biens des nouveaux arrivants par le biais des mariages mixtes.

La ruse n’est pas vraiment à l’honneur des deux frères, et Jacob en est un peu préoccupé. On verra au chapitre 49 qu’en fait, il n’a pas vraiment pardonné à ses fils ce genre de comportement.

Un passage qui met bien en valeur l’éternel dilemme : jusqu’où peut-on aller ? Que pouvons-nous accepter ? Bref où se trouve la limite entre l’honneur et l’intelligence.

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