L’homme va maintenant changer le nom de sa femme pour lui donner le nom de Ève, cad qu’il va lui donner le nom dédié à sa nouvelle mission, celle d’enfanter dans la douleur.
Dieu n’abandonne ses créatures, même après les avoir condamnées : il va les vêtir pour qu’ils puissent affronter le monde extérieur. Il va couvrir leur nudité de peau d’animaux, car le Seigneur domine les animaux dans ce second récit, alors que l’homme ne pouvait que se couvrir de feuilles de vigne.
Il semblerait que Dieu ne soit pas vraiment satisfait du comportement de l’homme ; il n’avait pas prévu lui transmettre la connaissance du bien et du mal, en tout cas pas maintenant, et il ne veut pas que l’homme s’approprie la vie éternelle. Il va donc prendre des mesures pour que cela n’arrive pas : il va expulser l’homme du jardin d’Eden et lui faire travailler la terre à l’endroit même où il avait pris de la poussière pour le façonner. Et il va aussi poster des chérubins pour garder l’accès à l’arbre de la vie et ainsi le protéger de toute intrusion (les chérubins protègent les lieux sacrés en Ezéchiel 28, pour qu’ils ne soient pas atteints par ceux qui n’en sont pas dignes).
Ce que Dieu n’avait pas prévu est que l’homme aurait besoin d’interactions avec ses semblables, et que son comportement en société ne serait pas forcément identique à son agir individuel. Si la créature de l’organisme vivant qu’est l’homme est un grand succès dont l’homme lui-même, en tout cas moi, s’émerveille tous les jours, il n’en va pas forcément de même pour les décisions qu’il prend. On sent bien qu’il y a dans l’homme une animalité, nous verrons bientôt une bestialité même, qu’il va devoir dominer pour vivre en société, et que cela ne sera pas toujours facile. Cette animalité enfouie en l’homme va évidemment modifier sa relation avec Dieu qui va passer sensiblement du créateur soucieux du bien-être de sa créature à un juge un peu sévère qui va devoir punir et prendre des précautions pour protéger son œuvre.
En ayant délégué à l’homme un certain nombre de ses tâches et en lui ayant confié une certaine liberté, Dieu va devoir s’en méfier un peu et gérer leur relation. L’homme va devoir apprendre à contrôler son animalité, l’agir juste va devenir sa principale préoccupation.
Avec la fin de la création peut commencer le début de l’aventure humaine.