Premier constat d’échec dans ce second récit, en tout cas d’échec partiel : Dieu se rend compte que la solitude n’est pas bonne pour l’homme. Tout n’a pas marché comme prévu : certes l’homme fonctionne, mais la solitude semble affecter son bonheur, le résultat en l’état n’est pas parfait. Il s’avère que l’homme ne peut vivre seul, qu’il a besoin de relations, avec Dieu certes, mais aussi avec des semblables ; un enseignement qu’à l’heure du télétravail et du commerce en ligne il serait judicieux de ne pas oublier.
Action réparatrice : Dieu modèle les animaux et les oiseaux, et les présente à l’homme pour voir sa réaction. On notera que l’homme les nomme, cad qu’il assume effectivement la délégation donnée par Dieu en Gn1. On remarquera aussi que cette fois, Dieu n’utilise que la poussière, qu’il n’insuffle pas la vie dans les animaux. Il faut bien constater un deuxième échec : si l’homme fait bien son travail de nommer les animaux (on n’aura pas de détails sur les espèces), il ne trouve en eux aucun remède à sa solitude. Il faut à l’homme une aide, un secours, un vis-à-vis.
Dieu s’embarque alors dans une véritable opération chirurgicale : après avoir anesthésié l’homme, il va tirer de lui un morceau pour le transformer ensuite en femme, puis il va recoudre la plaie. Il semble que cette fois le résultat est bien celui attendu, puisque l’homme va laisser s’exprimer son émerveillement. On pourra s’étonner que l’homme ne s’adresse pas à ce nouvel arrivant, mais l’homme se complait à se parler à lui-même…Il continue en revanche son travail de nomination et il lui donne le nom de femme. Il est amusant qu’il reconnaisse en cette dernière des parties de lui, alors qu’il était supposé dormir pendant l’opération ; et on ne peut que regretter qu’il définisse cette femme comme n’étant qu’un morceau de lui, qu’il refuse de voir l’altérité de la femme, ce qui de nos jours, est assez mal vu. La définir qu’en fonction de sa capacité reproductive n’est pas mieux.
On comprend que de cette stricte complémentarité va naître le désir sexuel, un désir de copulation et de vie commune qui sera si fort qu’il fera oublier les liens les plus anciens de l’attachement familial. Ces deux êtres incomplets sont en manque de savoir et d’intégrité, ils vont tout faire pour se trouver. Dans ce merveilleux jardins, le couple vit nu en plein bonheur et sans aucune gêne l’un vis-à-vis de l’autre ; la nudité est une condition naturelle et pas encore problématique. Une parfaite lune de miel a commencé.