He bien nous voici au tout début de ce nouvel évangile (pour nous), celui de Marc. Le démarrage est brutal, un peu comme le sera la fin du livre avec des femmes qui trouvent un tombeau vide. Marc nous présente son texte comme un évangile (n’oublions pas que c’est le premier), cad un texte qui annonce une bonne nouvelle, une information heureuse. Toujours dans le première phrase, Il nous présente Jésus en tant que Fils de Dieu (ici pas de suspense), et puis dès la 2ème phrase, il nous met le texte sous le patronage de Esaïe.
Marc prend en fait certaines libertés dans ses références :
Exode 23,20 « je vais envoyer un ange devant toi pour te garder en chemin et te faire entrer dans le lieu que je t’ai préparé » Dieu parle à Moise.
Malachie 3.1 « voici j’envoie mon messager. Il aplanira le chemin devant moi »
Esaïe 40.3 « une voix proclame : dans le désert dégagez un chemin pour le Seigneur, nivelez dans la steppe une chaussée pour notre Dieu. Que tout vallon soit relevé, que toute montagne et toute colline soient rabaissées, que l’éperon devienne une plaine et les mamelons, une trouée ! »
Le baptême que le Baptiste serait en train de donner paraît être un rituel de conversion sur la base de la reconnaissance de ses péchés et sur un bain d’immersion. Le caractère non-répétitif de cette immersion fait tout-à-fait penser à un baptême de conversion de prosélytes, ces païens qui se convertissent au judaïsme sans en assumer toutes les règles. Et il semble que la mission de Jean-Baptiste soit terminée, puisque tout le monde y passe et qu’il aborde lui-même la question de sa succession. On peut remarquer bien-entendu certaines bizarreries : le désert ne semble pas trop compatible avec le Jourdain, mais le désert est un rappel de Elie qui marche dans le désert (1Rois19). Le Jourdain fait penser à la purification de Naaman en 2Rois5, la ceinture de peau c’est Elie en 2Rois1,8 et le manteau de poils de chameau est l’habit des prophètes en Zacharie 13.4.
Concernant le baptême dans l’Esprit qui devrait être donné ensuite par Jésus, sa définition est beaucoup plus vague. Marc fait-il référence aux pouvoirs spirituels de Jésus ? Aux incroyables performances de guérisseur et d’exorciste ? Nul ne sait. Est-ce l’annonce de ce nouveau baptême dont on ne connaît rien qui est supposée être la bonne nouvelle ?
L’important pour Marc est de nous planter un décor temporel à la venue de Jésus : il y eût Moïse, il y eût Elie, il y eût Jean-Baptiste, et ce dernier va s’effacer devant cette nouvelle figure qu’est Jésus, un personnage « plus fort encore ».