Premier dimanche de l’Avent et premier évangile de Marc en cette nouvelle année liturgique.
Marc, que l’on appelle souvent le deuxième évangile, est en fait le premier car il est le plus vieux. On pense que certaines parties ont peut-être été écrites en 50, le reste datant plutôt des années 60/65, juste avant la destruction du Temple par Titus en 70. On ne sait à peu près rien de qui se cache derrière le nom de Marc : un auteur non-juif qui écrit pour des païens. Certains le disent proche de Pierre mais qui n’aurait pas connu Jésus ; rien de bien sûr, on trouve à la fois des éléments développés par Pierre et aussi des éléments de Paul, et rien ne semble montrer que Pierre et Marc aient été spécialement proches. Il a pu être écrit à Rome, à moins que ce ne soit en Syrie…Les idées sont claires, les éléments bien choisis, le plan bien structuré, c’est juste le style littéraire qui n’est vraiment pas fameux : le Marc en question n’était pas un grand écrivain.
Marc nous raconte l’histoire de Jésus, un Fils de l’Homme souffrant. Il ne nous donne aucune clef de lecture, ne nous dit rien sur l’enfance de Jésus et mis à part le 1er verset de son évangile, il ne développera que très peu la nature du Fils de Dieu. Au contraire, son récit est construit autour de la question « qui donc est cet homme ? », et la réponse nous sera donnée à la fin de l’ouvrage par un centurion païen « cet homme était vraiment le Fils de Dieu »
Concernant le contexte de cet évangile, il est probable que Marc soit fâché avec le comportement des prêtres de l’Eglise dynastique de Jérusalem qui voudraient montrer un Christ en Roi puissant et qui se trouvent assez satisfaits de leur nouvelle position dans une hiérarchie de clercs. Il est possible qu’à la fin de l’évangile, il soit en train de leur conseiller de partir vers la Galilée pour fuir les guerres judéo-romaines et retrouver un certain sens de la simplicité.
Le chapitre 13 est le dernier discours de Jésus avant sa passion dans lequel il donne ses instructions aux disciples. Dans ce passage il est fait référence aux 4 veilles de la nuit selon le système romain (il n’y a que 3 veilles dans le système juif) pour mettre en image cette phase de l’absence de Jésus qui va intervenir bientôt et qui n’est toujours pas finie. L’appel à une veille active est insistant : veillez pour recevoir le maître quand il va rentrer.
Certains ont voulu voir dans cet appel à la vigilance une incitation à se préparer pour le jugement dernier, car on baigne à l’époque des premières communautés dans une ambiance de religion juive ; nous avons vu chez Luc comme chez Matthieu le parallèle qui a été fait entre le retour du Christ et l’arrivée du messie juif venu pour juger. Il n’y a rien de cela dans ce passage de Marc. Jésus invite les disciples à continuer son œuvre, guérisons et prêches, en son absence ; c’est cela qu’il attend d’eux, et de ceux qui vont suivre. Le message est donc de ne pas faiblir dans cette mission, tout simplement pour que le Seigneur soit content quand il reviendra, tout simplement.
Le point qui me paraît intéressant est que le Seigneur nous confie sa maison (doit-on entendre par là notre planète ?) mais il nous donne toute liberté, nous avons carte blanche, il nous transmet sa responsabilité. Notre Seigneur n’est pas un Dieu tyrannique qui nous soumet à des travaux forcés : il nous a donné un exemple et le pouvoir de faire comme lui. Ensuite, c’est notre responsabilité.
Sommes-nous en train de dormir ? Comme le dit Luc, le Seigneur trouvera t’il encore des fidèles à son retour ? Si l’Eglise a choisi ce texte pour la rentrée dans l’Avent, c’est parce qu’il est prévu que l’on rencontre Dieu pour Noël. D’où la nécessité de se tenir éveillé.