Après le discours apocalyptique des deux jours passés, Luc reprend l’enseignement des paroles de Jésus ; on se souvient que sa communauté est sous pression de la part des juifs et bientôt des romains, et qu’elle s’impatiente de ne pas voir revenir le Christ. On se souvient que les risques que sont le doute, la lassitude et le monde rôdent autour de la communauté chrétienne.
Luc va donc prendre le pire des exemples pour conforter l’espoir de ceux qui prient Dieu. Il y a à l’époque deux pouvoirs juridiques : un juge civil nommé par Rome qui va traiter des questions de droit civil et de droit judiciaire pour les non-juifs, ainsi que des juges du Sanhédrin qui vont juger les conflits internes de la communauté juive. La veuve, tout comme le juge, ne sont ni juifs ni chrétiens, ils appartiennent au monde strictement laïc. Luc insiste, le juge n’a vraiment aucune morale, ni vers Dieu ni vers les personnes ; si Luc fait partie des craignant-Dieu, le juge non.
Il s’avère que ce juge injuste ne peut pas s’affranchir de sa condition humaine, il pense et décide après une longue réflexion qu’il va devoir fléchir devant la veuve et se mettre au travail. La raison n’est pas noble, puisqu’il s’agit uniquement de se débarrasser de l’importune qui fait du bruit et qui le dérange. C’est donc pour servir sa tranquillité qu’il décide de céder.
En observant cet exemple civil, à plus forte raison Dieu va-t-il répondre favorablement à ceux qui le prient sans relâche. Luc nous confirme ainsi qu’il considère que Jésus va être le juge envoyé par Dieu, le christianisme rejoint ici le judaïsme. Il fait le lien entre la prière et la foi, en nous laissant entendre que sans prière, la foi n’existe pas. Il nous fait part enfin de son inquiétude devant le futur de sa communauté : va-t-elle résister ?