Nous avons déjà fait une étude comparative des évangiles qui parlaient de Jean-Baptiste et d’Hérode…et on retrouve ce petit passage en Marc 6, 14-16 et en Matthieu 14, 1-2. Pourquoi les évangélistes sont-ils tellement intéressés par Hérode Antipas ?
Rappelons que son père, Hérode le Grand, est mort en -4 (peut-être, car je vous rappelle que la précision du calendrier autour de la naissance de Jésus est assez symbolique). Antipas lui est né en -21, succède à son père en -4, dans une qualité de tétrarque confirmé par l’empereur Auguste qui lui refuse le titre de roi. A l’issu d’une sombre conspiration menée par Agrippa, le frère de la fameuse Hérodiade, la mère de Salomé et la femme de son beau-frère Antipas ; celui-ci se fait déposer par Caligula qui l’envoie en exil dans les Pyrénées.
Lorsque Luc écrit, plusieurs empereurs sont passés : Claude, Néron, Galba, Othon, Vitellius, Vespasien, Titus, Domitien. Donc, Luc nous parle d’une histoire ancienne pour lui, nous devons faire attention aux détails. Hérode Antipas représente le pouvoir civil au temps de Jésus, et c’est ce qui intéresse tous les trois évangélistes : l’avènement de Jean-Baptiste puis de Jésus génère des réactions dans la hiérarchie juive, mais aussi dans la hiérarchie civile. Ils nous disent en fait que la réaction civile ne fut pas meilleure que la réaction juive, Antipas s’est rangé du côté de Pilate.
Globalement la population tout entière, juifs et paiens confondus, est prête à considérer Jésus comme un prophète. L’idée de Jean ressuscité ne choque personne à cette époque, on sait qu’Elie a disparu sans laisser de trace (peut-être n’est-il pas mort). Luc essaie de nous présenter un Hérode intéressé par la personne de Jésus, et qui chercherait à le rencontrer. Certes, mais ses intentions ne sont pas vraiment bonnes : ce sera soit avec l’idée de le faire mourir Lc 13,31 « A cet instant, quelques Pharisiens s'approchèrent et lui dirent : « Va-t'en, pars d'ici, car Hérode veut te faire mourir. », soit pour s’en amuser ou pour le manipuler 23,8 « A la vue de Jésus, Hérode se réjouit fort, car depuis longtemps il désirait le voir, à cause de ce qu'il entendait dire de lui, et il espérait lui voir faire quelque miracle. »
Ces quelques lignes pour bien nous faire comprendre que les deux pouvoirs, civil et religieux, ont rejeté Jésus que tous considéraient comme un prophète.