Ce passage que l’on trouve aussi en Matthieu 11, 16-19, probablement issu de la source Q, peut paraître un peu simplet si on le sort de son contexte. Or son contexte est le passage précédent de Luc, dans lequel on parle du rôle du Baptiste, en particulier les versets 7, 29-30 : « Tout le peuple en l'écoutant et même les collecteurs d'impôts ont reconnu la justice de Dieu en se faisant baptiser du baptême de Jean. Mais les Pharisiens et les légistes ont repoussé le dessein que Dieu avait pour eux, en ne se faisant pas baptiser par lui. »
De quoi parle Luc ? il est en train d’aborder le terme général de l’endurcissement du peuple que l’on trouve dans le Deutéronome, du fait que le peuple refuse de voir la réalité. Il cherche à montrer une scission au sein du peuple juif entre les fidèles qui ont globalement assez bien reçu Jésus, et les chefs de la religion qui se sont entêtés à le refouler. Il fait un parallèle entre les prêches et les styles de Jean-Baptiste et de Jésus, les deux étant décalés de peu de temps. Jean en ascète redoutable proposait une option assez dure de la religion, basée sur le jeûne et la repentance : Jésus en bon vivant qui fréquente les gens de mauvaise réputation, qui mange et qui boit. Et Luc d’insister que les chefs juifs n’ont voulu ni de l’un ni de l’autre, ni de la tristesse ni de la gaieté.
Pour Luc, les chefs du peuple juif se sont opposés au dessein de Dieu, un dessein commun entre le Baptiste et Jésus. Le dernier verset, rajouté à posteriori, signifie que le peuple, lui, n’est pas dupe et qu’il a bien compris qui était Jésus. Peut-être…