Un passage que l’on retrouve chez Marc et chez Luc, et qui ressemble un peu à celui de la Syro-phénicienne dont la fille est habitée par le démon. L’épilepsie était autrefois considérée comme la conséquence des mouvements de la lune ou comme une sorte de somnambulisme. Pour Marc comme pour Matthieu, on parle d’un démon muet. Le point central du passage n’est pas l’exorcisme en soi, mais le peu de foi des disciples. L’indignation de Jésus est celle du prophète devant l’aveuglement de ceux qui nient Dieu, elle n’est pas dirigée spécialement contre ses disciples.
On comprend bien dans ce passage que les disciples, à qui Jésus avait pourtant transféré le pouvoir de guérir les malades et de chasser les démons, se trouvent incapables de soigner le jeune épileptique ; heureusement, la maître a gardé tout son pouvoir.
Nous sommes assez proches en fait de la marche sur l’eau, avec la tentative désespérée de Pierre de faire comme Jésus, et puis une pointe de doute à cause du vent, et le voilà qui coule : heureusement Jésus est là pour lui donner la main et le sortir de la flotte. Le message que passe Matthieu à ses disciples est exactement le même : si vous vous mettez à douter, vous allez perdre votre force et vous ne serez plus capables de faire des choses extraordinaires (il est fort probables que de nombreuses personnes demandaient encore des guérisons aux membres de la communauté chrétienne).
Il est intéressant à ce titre d’observer que la faiblesse de leur foi ne les empêche nullement de se maintenir dans l’équipe des disciples, et que le fait d’être disciple ne les empêche pas de douter : cela est encore vrai de nos jours, ce n’est pas parce qu’on a choisi une vie monastique ou de prêtre qu’on est à l’abri du doute et qu’on perd l’envie de se poser des questions.
Ce que dit Jésus aux disciples et ce que dit Matthieu à ses camarades, c’est la même chose que ce qu’on lit aujourd’hui : si en plus de notre impuissance face à la maladie on se met à douter de Dieu, alors on se retrouve en position de faiblesse. On ne peut qu’espérer que Jésus sera encore là pour nous tendre la main.