Si nous lisons ce texte du chapitre 20, c’est parce que l’église fête aujourd’hui St. Jacques, fils de Zébédée et frère de l’apôtre Jean. Les Actes des apôtres nous disent qu’il est mort décapité à Jérusalem, probablement en 44. On l’appelle parfois Jacques le Majeur et aucune preuve historique ne confirme qu’il soit allé à Compostelle. Ce passage suit la 3ème annonce de la passion en Matthieu 20.17
Il nous faut s’interdire une lecture un peu primaire du texte qui nous ferait voir la femme de Zébédée comme une insupportable mère juive qui vient discuter le sort de ses enfants ; il convient de bien se rendre compte que cette femme, qui ne fait pas partie du groupe restreint autour de Jésus, n’a aucun doute sur le fait que Jésus est le messie.
Ce passage est fortement inspiré de l’image du serviteur souffrant du livre d’Esaïe 53.11 « Ayant payé de sa personne, il verra une descendance, il sera comblé de jours ; sitôt connu, juste, il dispensera la justice, lui, mon Serviteur, au profit des foules, du fait que lui-même supporte leurs perversités. Dès lors je lui taillerai sa part dans les foules, et c'est avec des myriades qu'il constituera sa part de butin, puisqu'il s'est dépouillé lui-même jusqu'à la mort et qu'avec les pécheurs il s'est laissé recenser, puisqu'il a porté, lui, les fautes des foules et que, pour les pécheurs, il vient s'interposer ».
L’image de la droite et de la gauche du trône, c’est pour dire que Jésus va être le messie et la mère souhaite que ses deux enfants soient associés au jugement dernier. Il est reconnu que les juifs du 1er siècle ont une idée assez claire d’une période messianique de souffrances, ce qui est le sens de la coupe. En fait la mère de Jean et de Jacques cherche plus à les protéger qu’à leur donner du pouvoir.
Matthieu va développer cette image du serviteur souffrant avec la notion du service ; il s’agit là peut-être d’une critique à peine voilée de la sévérité des premiers clercs de l’église qui oubliaient facilement cette idée de service, sachant que le service, en particulier le service de table, était alors perçu comme signe d’obéissance à plus grand que soi.
Pour Matthieu, Dieu a envoyé Jésus pour qu’il puisse libérer le monde de son péché. Car pour les juifs, c’est Dieu seul qui peut libérer le peuple du péché, sa mort est une libération pour les hommes : une nouvelle théorie de l’expiation.