Nous avons dans ce passage un petit problème de concordance de temps : il est à peu près certain que Jésus (en bon juif rappelons-le) respectait les jeûnes règlementaires et qu’il appréciait aussi les jeûnes particuliers (quand il se retire sur la montagne ou au désert). Il est à peu près certain que la communauté de Matthieu ne jeûnait pas. De même, la communauté de Jean s’est surtout constituée après sa mort, c’est la fameuse secte Johannique qui donnera l’évangile de Jean. Or cette communauté avait choisi de maintenir la vie ascétique de son maître à penser (Jean le Baptiste) et d’appliquer la Torah à la lettre comme le faisaient les pharisiens, en pensant qu’ils pourraient y trouver une sorte de paix réciproque.
En termes de marketing, Matthieu insiste bien que ce sont les chrétiens qui sont avec Dieu (l’époux) et non les juifs. Et d’insister que, contrairement à la position des disciples de Jean, il ne pensait pas que pharisiens et chrétiens pouvaient faire bon ménage. On se souvient qu’au 1er siècle, de nombreux fidèles allaient à la synagogue le samedi et à la messe le dimanche. Ces images du tissu et de l’outre sont faites pour montrer que certes, il est possible d’imaginer leur juxtaposition, mais que dans tous les cas, l’une des pièces explose ou se déchire. Les conséquences d’une possible cohabitation seraient donc catastrophiques.
Le point principal du message de Matthieu à ses camarades juifs est que la nouveauté apportée par Jésus réclame un renouvellement complet du culte et de la pratique de la religion juive.