Si Luc et Marc parle de l’appel de Lévi, Matthieu parle bien de l’appel de Matthieu, sachant que le Matthieu qui écrit n’est probablement pas le Matthieu qui collecte les impôts (question d’âge).
Nous commençons aujourd’hui toute une série de controverses qui seront aussi abordées par Marc et par Luc. Elles prennent un sens tout spécial avec Matthieu qui est juif.
Ce qui est en cause est le repas avec les pécheurs. Pourquoi ? Parce que le repas est considéré à l’époque, par les juifs comme par les chrétiens, comme un moment clef de la communion avec Dieu et les frères. Chez les juifs, ce repas était émaillé de nombreuses bénédictions rabbiniques, en tout cas à l’époque de la rédaction de l’évangile. Or inviter un pécheur à sa table n’empêche pas un juif de faire les bénédictions, mais aller manger chez un pécheur implique qu’aucune bénédiction ne sera faite au cours du repas.
Jésus considère que les pécheurs sont des malades qui s’ignorent, l’absence de Dieu dans la vie d’un homme est une souffrance, et Jésus lui-même veut se faire médecin spécialiste de cette maladie. Matthieu veut insister sur l’importance des pécheurs dans la religion de Jésus, et c’est dans ce contexte qu’il cite une phrase du livre d’Osée. Pour Jésus, la notion de juste mise en exergue par les juifs ne compte pas : certains justes le boudent alors que certains pécheurs l’écoutent.
L’appel de Lévi est le signe qu’il faille mettre de côté un certain nombre de préceptes anciens, comme les justes et les sacrifices, pour passer à une religion plus universelle où chacun est appelé pour être accueilli par Dieu. Si Jésus va à la rencontre des pécheurs, ce n’est pas par plaisir, mais bien pour les appeler.