Le problème de Matthieu est qu’il est dans une communauté d’origine juive et qu’il argumente auprès des juifs que le christianisme n’est qu’une évolution naturelle du judaïsme dans l’interprétation de la Loi, sans qu’il n’y ait une quelconque remise en cause de celle-ci. Or il y a d’autres communautés chrétiennes issues du monde païen qui ont, elles, de grandes difficultés à se retrouver dans une annexe de la religion juive : c’est ainsi qu’un certain nombre de pasteurs comme Paul, par exemple, vont plaider pour que les pagano-chrétiens n’aient pas à suivre la Loi (sur la question sensible de la circoncision par exemple).
Cette question de ménager la chèvre et le chou va obliger Matthieu à faire de longs discours qui vont parfois se montrer assez contradictoires : comment par exemple respecter le Sabbat et soigner les malades ce jour-là ? On voit donc que la stratégie du en même-temps ne date pas d’hier.
Pour faciliter les choses, on pourrait revenir aux 10 commandements que l’on trouve en Exode et dans le Deutéronome, et qui sont les suivants : Ne pas vénérer d’autre dieux que Dieu, ne pas prononcer à tort le nom du Seigneur (ne pas blasphémer), respecter le sabbat, honorer ses parents, ne pas commettre de meurtre, ni d’adultère, ni de rapt, ne pas prononcer de faux témoignage et ne pas désirer la maison du voisin (on entend par là sa femme, sa servante ou son bœuf) Et donc mise à part la question du sabbat, on pourrait presque dire que tout le monde est d’accord.
Le problème est surtout dans les autres lois qui fourmillent dans tous les textes, entre autres celui du Lévitique, et là, ce sont des lois qui peuvent se prêter à de larges interprétations.
Pas facile d’être Matthieu, même de nos jours où les lois de l’Eglise sont parfois difficiles à avaler….
Aujourd’hui Matthieu se montre radical. Ce ne sera pas toujours le cas.