Comme nous sortons d’une grande période Jean et que nous allons maintenant voir plusieurs épisode de Marc, il serait bon peut-être de faire un petit retour sur cet évangile. C’est le premier des quatre, écrit probablement à Rome pendant la persécution de Néron en 64. Marc aurait écrit sous l’influence conjointe de Paul (son attachement à la passion et à la croix) et de Pierre (pour les détails de la vie de Jésus). C’est un livre écrit plutôt pour les pagano-chrétiens, qui montre un Jésus toujours en train de bouger d’un endroit à l’autre, écrit dans un grec assez primaire appelé Koinè. La construction de Marc est faite autour de la question « qui est cet homme », avec une réponse donnée à la fin par le centurion qui dira « vraiment cet homme était le fils de Dieu » (Mc 15,39)
Ce passage est à rapprocher de la guérison de l’aveugle de Béthanie qui se trouve en Marc 8, 22-26, quand Jésus avait dû s’y prendre à deux fois avec ses mains et de la salive. Cette guérison difficile faisait référence à la difficulté rencontrée par les disciple pour comprendre Jésus : Pierre par exemple disait avoir compris que Jésus était le messie de Dieu mais n’avait pas compris qu’il y aurait la passion. Cette fois-ci, la guérison se fait vite, et Jésus insiste sur le fait que c’est la grande foi de l’aveugle qui l’a sauvé : Marc met donc en valeur que le travail et l’enseignement de Jésus a porté des fruits et que les disciples sont maintenant à même de comprendre. L’aveugle va se mettre à suivre Jésus sans qu’on le lui demande, ce qui montre aussi que la dynamique des disciples est créée, que le groupe peut maintenant se diriger vers Jérusalem.
On peut (et on doit) revenir au verset 36 du chapitre 10, quand les deux fils de Zébédée veulent être bien certains d’être aux premières places dans le royaume. Jésus leur demande « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? » Marc insiste bien sur la comparaison entre les attentes d’un pauvre mendiant et celles de Jacques et de Jean. C’est alors que le mendiant appelle Jésus « Fils de David » (une expression unique dans tout l’évangile de Marc), puis Rabbouni (tout comme Marie Madeleine au tombeau chez Jean), alors que les disciples parlent encore de Jésus le Nazaréen. Reconnaître l’identité du Christ n’est pas donné à tout le monde.
Bartimée, fils de Timée ; Jésus, fils de David. Une rencontre assez improbable entre un être rejeté socialement (il est probable qu’à l’époque les aveugles étaient considérés comme impurs, voir le Lévitique 12.18 qui interdit le service divin aux aveugles) et un homme exceptionnel qui va vers sa passion.