Ce passage de la marche sur l’eau est coincé ici entre le récit de la multiplication des pains et le discours sur le pain de vie, ce qui peut paraître surprenant, le pain n’aimant pas beaucoup l’humidité. Il s’agit de deux miracles (la multiplication des pains et la marche sur l’eau) qui se suivent dans la tradition des premiers chrétiens, on a la même séquence dans les synoptiques (Mc 6, 42-45 et Mt 14, 22-33). Jean a laissé la marche sur l’eau à cette place car elle est la réponse à la question posée au verset 15 et restée sans réponse : on se souvient que les juifs voulaient faire de Jésus un roi, ce qui l’a fait partir en courant. Ce passage nous dit la chose suivante : non Jésus n’est pas le roi messianique que les juifs attendent, il est le fils de Dieu.
La marche sur l’eau montre la domination de Dieu sur les flots, ceux-ci étant considérés dans les temps anciens comme l’image du chaos. On trouve cela dans la mythologie grecque (Orion, fils de Poséidon, Xerxès, Pythagore) tout comme dans les textes de l’Ancien Testament : En Exode 14,21-31 Moïse étend la main sur la mer rouge, en Josué 3,14-16 les eaux du Jourdain s’arrêtent de couler pour laisser passer les prêtres qui portent l’arche vers Jéricho, en 2Rois 2 7-8.14, Elie frappe les eaux du Jourdain avec son manteau pour que Élisée puisse passer à pied sec, en Job 9.8 « A lui seul il étend les cieux et foule les houles des mers »…
Dans le Psaume 77.20 « Dans la mer tu fis ton chemin, ton passage dans les eaux profondes, et nul n'a pu connaître tes traces. »
Jean ne s’embête pas avec les détails de ses collègues évangéliste : chez lui la tempête ne s’apaise pas, il n’y a pas de méprise avec un éventuel fantôme, Jésus ne monte pas sur la barque et celle-ci s’échoue dès qu’il parle.
Quant au « c’est moi, n’ayez pas peur », c’est une nouvelle version du « je suis »
Bon voilà, maintenant on sait qui est Jésus et dans quelle cour il joue, on peut passer à autre chose.