Voici une deuxième annonce de la passion et de la résurrection, la première était au chapitre 8,31, juste après le « pour vous qui suis-je ? ». Suit cette anecdote des disciples qui se disputent pour savoir qui sera le plus grand…Marc insiste sur l’opposition qui existe entre Jésus qui contemple ces souffrances futures suivies de sa glorification, et l’incroyable légèreté de ses disciples ; il leur parle de mort et de résurrection, eux ne comprennent rien et donc se complaisent dans la futilité, une insouciance dont ils vont avoir un peu honte bien entendu.
Le maître va reprendre ses élèves avec beaucoup de douceur en fait, quand d’autres se seraient volontiers fâchés. Son appel au service et à l’humilité, il va le mettre en scène au travers d’un enfant. Un enfant, ce n’est pas un nouveau-né, ce n’est pas un petit-enfant, c’est un être humain capable d’interagir avec un adulte, de comprendre ce qu’il dit. C’est surtout un être humain qui a besoin de protection et de tendresse, ce qu’on va retrouver dans cette embrassade de Jésus. L’enfant au temps de Jésus n’est ni un être innocent ni un être parfait, comme nous le considérons aujourd’hui. C’est avant tout un être fragile qui obéit à un adulte qui le protège.
Un enfant ne va pas déjà connaître le sentiment de la vengeance, il ne va pas se lancer éperdument dans la violence, bref il est celui qui va tendre l’autre joue et qui va donner son manteau. Matthieu insistera en disant qu’il convient de se faire « petit comme un enfant » pour entrer au Royaume, et Luc dira « le plus petit, voilà le plus grand ».
Je pense qu’au-delà de cette attention sympathique à la gentillesse de l’enfant, ce qui est vraiment choquant est le décalage entre les préoccupations de Jésus et celles des disciples : quand l’un pense à la mort, les autres pensent à la gloire. Et bien entendu, quand Marc écrit sur les disciples, ils pense à son Eglise, à notre Eglise.
Comment lui donner tort ?