Un pas de plus vers le scandale : Jésus soigne le jour du sabbat, au milieu de la synagogue, alors que même les médecins ne peuvent travailler ce jour-là. Certes il prend bien soin de ne pas toucher la main, il sera difficile de qualifier sa guérison de travail, mais le résultat est là : non seulement la main est guérie mais les pharisiens sont déjà en contact avec les gens d’Hérode pour trouver le moyen d’éliminer Jésus.
On finit aujourd’hui cette gamme montante de discussions avec les juifs. Le vocabulaire de Marc est simple et concis, on se souvient qu’il est le plus vieux des 4 évangiles et que les autres se sont inspirés de lui. Jésus provoque, mais chaque fois se justifie, et il met les tenants d’une religion juive parfaite en face de leur propres contradictions. A chaque fois qu’il choque, ce qui pourrait être entendu comme un comportement négatif, il ajoute une bonne action positive : certes il touche le lépreux, mais il le soigne aussi. Certes il blasphème en pardonnant les péchés, mais le paralysé ressort en marchant. Certes il mange avec les pécheurs, mais il annonce qu’il est venu pour les malades. Certes il ne jeûne pas, mais il connaît la loi. Certes il soigne un jour de sabbat, mais il guérit la main.
Et puis il est assez difficile de contester ses arguments : il envoie le lépreux au prêtre en respectant son pouvoir, il force l’admiration avec le paralysée, il annonce venir pour convertir ceux qui ne sont pas les justes, il ne met pas en cause le fait que les disciples jeûneront et il montrera qu’il est lui-même adepte du jeûne, il a une idée de ce qui est bien et juste, même un jour de sabbat.
Mis à part le blasphème, ils auront du mal à trouver une accusation sérieuse.
On remarquera qu’à propos de cette découverte progressive de l’identité de Jésus, Marc se débrouille bien. On peut identifier les actes et les paroles de Jésus à Dieu, sans jamais le nommer. Le fils de l’homme n’est pas YHWH dans le vocabulaire juif, c’est juste une expression que l’on utilise parfois pour parler du messie, mais aussi pour parler de l’homme.
C’est le centurion qui dira de Jésus sur la croix : « Vraiment cet homme était Fils de Dieu »