Le poids des mots et le choc des photos ! Il n’est pas dit dans ce passage, repris d’ailleurs par Luc et par Matthieu, que le paralysé était malade à cause de son péché. Il y a d’ailleurs très peu de cas dans la bible où on voit Dieu jeter une maladie sur un homme ; cette relation fait plus partie de la piété populaire que de la religion juive.
Jésus est à la fois prêcheur d’évangile (il est Fils de Dieu et il est donc bien placé pour expliquer la volonté de son Père) ET thaumaturge (et nous verrons qu’il est en effet un excellent guérisseur, au point que l’on puisse voir au travers de ses résultats médicaux l’œuvre de Dieu). En chaque homme, Jésus voie deux maladies : celle de l’âme qui est l’absence de Dieu ET celle du corps, qui est un mal physiologique. Et Jésus s’attache toujours à soigner les deux, tout en insistant bien qu’il n’y a pas de lien évident entre les deux. Ici ce n’est pas la foi qui sauve, c’est Jésus.
A ce paralytique qui n’a rien demandé, Jésus donne son pardon. Scandale chez les scribes, cet homme blasphème,
En effet, Dieu est celui qui pardonne. En Exode 34, Moïse dit à Dieu au Sinaï « Dieu qui supporte les fautes, les révoltes et les péchés…Dieu qui poursuit la faute des pères jusque chez les fils ». En Isaïe 43 « ne crains pas, car je t’ai racheté », et en Isaïe 44 « J’ai effacé comme un nuage tes révoltes, comme une nuée ta faute : reviens à moi, car je t’ai racheté ». Mais bien souvent, si Dieu pardonne. Il ne le dit pas.
Chez les juifs, il y a une distinction claire entre les péchés contre les hommes et ceux contre Dieu. Et il revient aux hommes de se faire pardonner par leurs frères s’ils les ont blessés, c’est ce qui est supposé se faire la veille de Yom Kippour, ou le jour du décès d’un frère.
Concernant les fautes contre Dieu, c’est assez différent : ces fautes mettent l’homme dans un état d’impureté incompatible avec la proximité de Dieu. Il existe donc des rituels et des sacrifices qui permettent de se nettoyer de son impureté pour être à nouveau présentable devant Dieu. Le sacrifice pour les péchés (appelé Hattat en Lévitique 16), est fait pour l’absolution de l’homme, il n’est pas une offrande à Dieu. Le sang de la victime immolée est versé pour préserver l’homme de la mort, comme le sang de l’agneau pascal a été répandu sur les linteaux des portes. On sacrifie d’ailleurs deux animaux, le premier pour nettoyer la faute et regagner de la pureté, le second pour rétablir la relation avec Dieu. Dieu va-t-il pardonner ou non ? Nul ne le sait, mais tous le sauront au jour du jugement dernier.
Quand Jésus dit « tes péchés sont pardonnés », il dit à tous « je suis Dieu ». Mais au-delà des mots prononcés hauts et forts, il ne se passe rien de visible pour le public. Et on le sait, le public veut du formidable, de l’exceptionnel, du spectacle…Qu’à cela ne tienne, Jésus guérira aussi le corps.
Vous avez dit « en même temps » ?