Matthieu et Luc vont reprendre cette purification du lépreux, dans les mêmes termes, sauf Luc qui rajoutera que Jésus s’en fut prier ensuite. Pourquoi parler d’un lépreux ?
Tout simplement parce que la lèpre est considérée comme une maladie impure, une maladie qui donne de l’impureté au malade (c’est à peu près la seule). Les sources d’impureté sont bien établies dans le livre du Lévitique ; pour faire simple, il s’agit des règles alimentaires, des relations sexuelles, de la lèpre ou autre maladie de peau, du contact avec les morts. Qui gagne de l’impureté perd de la sainteté et ne peut plus s’approcher de Dieu.
Il existe bien entendu un certain nombre de rites de purification pour vous permettre de regagner de la sainteté. Ces rites seront faits par les prêtres à grand renfort de sacrifices.
Dans le cas de la lèpre, le prêtre a une charge supplémentaire qui est de déterminer si une infection de la peau est effectivement considérée comme la lèpre ou non. Les chapitres 13 et 14 du Lévitique sont en fait un véritable traité de biologie pour apprendre à distinguer la lèpre au milieu d’autres affections cutanées. Et c’est bien le prêtre qui va se charger de ce travail, de mettre les malades en quarantaine le temps du développement des symptômes, et c’est lui aussi qui prendra la décision soit d’éloigner le patient en cas de résultat positif, soit de le réintégrer s’il s’avère que ce n’est pas la lèpre, ou s’il guérit.
Il ne faut surtout pas envisager ces règles comme des solutions prophylactiques, comme des méthodes pour contenir des infections générales, car seuls les juifs sont astreints à ces règles, pas les autres ! Il ne s’agit pas de médecine ou de santé publique, il s’agit uniquement de règles de pureté religieuse. Pourquoi le cas précis de la lèpre et pas une autre maladie ? Probablement parce que l’aspect de la peau du lépreux fait penser à celle d’un enfant mort-né, et parce que les juifs ont une peur bleue des corps en putréfaction, tout comme des pertes de liquides intérieurs (sang, pus, sperme)
Dans la réalité, les cas de guérisons sont rares, et elles sont considérées comme l’œuvre de Dieu, au même titre que les résurrections. C’est pourquoi Marc parle de témoignage : il demande au malade guéri de se taire, pour maintenir son identité divine cachée du peuple (sachant qu’il ne le fera pas), mais il demande aussi d’aller se montrer au prêtre pour que celui-ci puisse constater la guérison, et en déduire que Dieu est passé par là.
Les faits comptent plus que les paroles, parfois…Jésus ayant touché le lépreux, il est maintenant considéré comme impur et ne peut plus entrer en ville, pendant au moins 7 jours. Il faudra donc que les malades se déplacent…