Nous allons lire plusieurs passages de Marc ces jours-ci ; Marc a écrit depuis Rome en +65, au moment de la persécution de Néron. Il était avec Pierre et n’a pas connu la destruction du temple de Jérusalem, ni la guerre entre les juifs et les chrétiens. Ce passage de la synagogue de Capharnaüm est aussi raconté par Luc.
Le sujet principal est l’autorité avec laquelle Jésus explique les écritures, sa pédagogie que l’on oppose à l’approche trop technique peut-être des scribes ; ceux-ci en effet connaissent parfaitement les textes, mais ne sont pas forcément doués d’une grande pédagogie.
Quand Marc nous indique la synagogue et le jour du Sabbat, il nous dit que ce n’est pas Jésus mais Dieu qui est à la manœuvre. Pour Marc, il y a un lien fort entre la maladie et l’action du démon. On parle beaucoup des démons dans le Nouveau Testament, mais on ne dit pas grand-chose sur lui, on parle surtout des conséquences de leurs actions sur les hommes. Par définition, Dieu est le top de la sainteté, il ne peut y avoir plus saint que Dieu. Et l’approche biblique dit que l’homme doit augmenter sa sainteté, cad éliminer son impureté, pour s’approcher de Dieu. En opposition, on parle d’esprits impurs car leur influence sur l’homme est de les faire perdre leurs sainteté.
Le « que nous veux-tu ? » parfois traduit par « de quoi te mêles-tu ? » est en fait la reprise d’une expression biblique que l’on trouve dans plusieurs passages, y compris dans le fameux passage de la veuve de Sarepta ou celle-ci demande à Élie « qu’y a-t-il entre moi et toi ? »
L’œuvre de Marc, qui peut paraître parfois un peu confuse, se développe en fait au long de la recherche de l’identité réelle de Jésus : qui est cet homme ? Les démons comprennent plus vite que les hommes qui est Jésus, car sa sainteté est si forte que ces esprits de l’impureté la « sentent », presque comme une réaction épidermique. Marc les fait taire, car s’ils annoncent trop tôt son identité, alors son évangile ne sert plus à rien. Si les démons comprennent vite, il faut en revanche laisser le temps à l’homme de trouver tout seul l’identité de Jésus.