Deux points de détails pour mieux comprendre :
- La phrase « et moi, j’irai le guérir » est une traduction qui peut laisser penser que la réponse de Jésus est ironique, qu’il met en cause la bonne foi du centurion. La traduction plus objective serait « veux-tu que j’aille le guérir ? »
- Un centurion est normalement païen, car il est obligé de suivre un certain nombre de pratiques des divinités de Rome, mais il n’est pas forcément romain, car Antipas recrutait beaucoup de mercenaires de tous pays
La foi de ce centurion est multiple :
- Il croit que Jésus peut guérir
- Il croit que Jésus peut guérir à distance
- Il croit que Jésus, comme lui qui reçoit des ordres de l’Empereur et ne donne à ses soldats, reçoit des ordres de Dieu et peut aussi donner des ordres aux hommes, ou aux maladies.
Pour un païen c’est quand même beaucoup !
Les messages de ce passage sont les suivants :
- On peut être païen, militaire et étranger et faire preuve de compassion à l’égard d’un serviteur plus petit que soi dans la hiérarchie sociale. Cette compassion pour les autres n’est pas réservée aux seuls chrétiens
- On peut être païen et montrer de l’amour, mais aussi de l’humilité et de la confiance en des personnes qui affichent une foi en un Dieu dans lequel on n’a pas forcément beaucoup d’attrait : l’intelligence n’est pas réservée aux seuls chrétiens.
- Au v.13, « et le serviteur fut guéri à cette heure-là ». Pas besoin d’être chrétien pour bénéficier de la bonté divine.
Pour des juifs qui ont développé la notion de peuple choisi et une relation particulière, voire spécifique à Dieu, ce message d’universalité peut ne pas être très facile à entendre. Et pourtant, c’est bien de cela qu’il s’agit.
Il est amusant que l’Eglise nous propose en 1ère lecture un passage d’Esaïe qui met en valeur ce statut particulier des juifs : « Alors, le reste de Sion, les survivants de Jérusalem seront appelés saints : tous seront inscrits à Jérusalem afin de vivre. Quand le Seigneur …créera en tout lieu de la montagne de Sion, sur les assemblées, une nuée le jour, et la nuit une fumée avec l'éclat d'un feu de flamme. Et au-dessus de tout, la gloire du Seigneur sera un dais, une hutte de feuillage, donnant de l'ombre les jours de grande chaleur et servant de refuge et d'abri contre l'orage et la pluie ».
Aujourd’hui Matthieu explique à son peuple que ce n’est vraiment comme cela que ça se passe.