Nous avons déjà lu ce passage il y a très peu de temps. C’est à propos du serviteur inutile, du serviteur quelconque, enfin de celui qui n’est pas indispensable.
Il nous faut imaginer la situation : Jésus est une personne avec un charisme fou, qui attire par son discours autant que par ses actes de guérison, il est un homme qui a du succès. Et déjà à l’époque, le succès attire ; il y a donc pas mal de personnes qui le suivent, qui sont toujours à son écoute et qui montrent un intérêt prononcé à être avec lui. Les juifs le considèrent comme un rabbi, un vrai spécialiste de la loi, et avec lui, tout paraît simple et limpide, la voie vers le bonheur.
On peut imaginer que Jésus a déjà une idée claire de ce qu’il va faire et de ce qui l’attend ; probablement il ne pense pas encore à fonder une structure d’église, mais il a bien conscience qu’il ne faut pas décevoir ni abandonner tous les gens qui le suivent. Mais il ne convient pas non plus de trop en promettre, de faire trop rêver ; d’abord parce que ce n’est pas le style de Jésus, ensuite parce que si le rêve est trop haut, la chute sera encore plus brutale. Et Jésus sent ben qu’il va avoir besoin de quelques bons compagnons pour le supporter dans les épreuves.
Une grande partie des évangiles va être de prodiguer des conseils, d’indiquer une ligne à suivre, de montrer ce que le disciple parfait doit faire, dire ou penser. Mais il y a aussi une autre partie qui consiste à alerter les candidats possibles sur les difficultés qui viennent, sur les risques qu’ils peuvent courir et sur la manière d’affronter la persécution.
Aujourd’hui Jésus leur rappelle que nul n’est indispensable, et que ceux qui pourraient attendre une éventuelle récompense seront déçus. Car il n’est pas prévu qu’un disciple qui fait ce que le Seigneur lui demande ait droit à un traitement de faveur. C’est vrai pour nous aussi.