Au lendemain de la fête de la croix glorieuse, l’église catholique fête Notre-Dame des Douleurs. Il y a deux évangiles de référence pour ce jour-là : celui de Luc 2,33-35 « et toi-même un glaive te transpercera l’âme », et celui-ci de Jean qui nous décrit Marie au pied de la Croix, une source d’inspiration pour de nombreux peintres.
Cette image de la vierge des douleurs sera particulièrement développée par les Jésuites au moment de la contre-réforme : en effet, tout homme est capable de comprendre la douleur de cette mère au pied de son fils crucifié, c’est une image de compassion qui fait miroir à celle plus heureuse de la Vierge et l’Enfant.
On parle souvent de la Vierge des 7 douleurs (la parole de Siméon, la fuite en Egypte selon Matthieu, l’enfant perdu sur la route de Jérusalem, la montée au calvaire, l’attente au pied de la croix, la descente de la croix et l’ensevelissement de Jésus). L’expression latine Stabat Mater Dolorosa est bien connue de tous les amateurs de musique sacrée : « elle se tenait dans la douleur près de la croix, en larmes, tandis que son fils était suspendu ».
C’est ainsi que Marie est devenue le modèle chrétien de la persévérance, en participant aux douleurs de son fils avec patience.
La fête de Notre-Dame des douleurs a été instituée par le pape Pie VII en 1814. Allez lire son histoire, elle est intéressante. C’est un pape qui s’est beaucoup bagarré avec Napoléon, dont il a consacré la couronne d’Empereur en 1804 ; mais il a toujours refusé de passer sous sa coupe. Bonaparte l’a donc enlevé et fait prisonnier à Savone, puis à Fontainebleau. A cette occasion, il fera cisailler son anneau de pape (l’anneau du pêcheur) pour être certain que Napoléon ne s’en saisisse pas. En 1814, ce dernier a trop de problèmes pour continuer cette dispute religieuse, et Pie VII rentrera victorieux à Rome. Il rétablira l’ordre des Jésuites et créera cette fête de ND des douleurs (sa santé était si mauvaise à un certain moment qu’on lui donna l’extrême onction au passage du col du Montcenis entre Savone et Fontainebleau). Il se démènera ensuite pour l’abolition de l’esclavage. Bref, un sacré bonhomme !
Ayons donc une pensée pour toutes les mères qui pleurent au pieds de leurs fils…encore aujourd’hui.