Merci d’aller voir dans jesusfacile.com mon commentaire de Marc 4, 13-20, du 26/01/22. Je voudrais vous parler aujourd’hui de l’utilisation des paraboles dans les évangiles synoptiques, car Matthieu les a toutes regroupées dans le discours parabolique du chapitre 13 que nous allons parcourir jusqu’à la fin de juillet.
Il convient tout d’abord d’accepter le fait que Jésus est un conteur d’histoires absolument formidable qui est prêt à se servir de tous les moyens disponibles pour convaincre les foules Galiléennes. Il doit passer deux messages : le bonne nouvelle de l’irruption du Royaume de Dieu (il y a enfin un espoir de vie meilleure) et l’urgence de changer de comportement pour y avoir droit (il faut adapter son mode de vie et de pensée pour être choisi). La parabole étant une histoire inventée, elle prête le flanc à de nombreux détournements, et il ne faut pas trop chercher à savoir ce que Jésus a vraiment dit, mais plutôt considérer ces paraboles comme étant celles qui se contaient au temps des premières communautés chrétiennes, une part originale et une autre de tradition.
La meilleure définition de la parabole revient probablement à Aristote qui voit dans celle-ci un moyen pour le narrateur de persuader son auditoire ; on l’utilise quand on manque de preuve formelle et indiscutable, et il ne faut jamais oublier qu’elle est une fable, une histoire inventée pour convaincre.
On trouve dans le chapitre 13 un assemblage de 7 paraboles (le semeur, le bon grain et l’ivraie, le grain de moutarde, le levain, le trésor caché, la perle de grand prix, le filet et le tri des poissons). Certains passages s’adressent à la foule en dehors de la maison, d’autres sont des explications pour les disciples. Certaines tentent de décrire le Royaume des Cieux (éthique universelle), d’autres expliquent comment Dieu fera son choix parmi les hommes (caractère eschatologique du jugement dernier).
Si Jésus utilisait des paraboles pour se faire comprendre, peut-être n’avait-il jamais imaginé le travail qu’elles allaient donner aux théologiens pour les expliciter. Si pour Jésus elles étaient claires et limpides, il faut bien reconnaître que pour les sages et les intelligents, elles ne devaient pas l’être. Comme souvent, on a fait dire à ces paraboles tout et n’importe quoi au cours des siècles, en se préoccupant plus des nécessités de l’église en termes de morale et de doctrine, que de leur aspect social et historique qui était pourtant leur justification initiale.
C’est ainsi qu’on a pu voir dans l’opposition entre le peuple et les disciples (ceux qui comprennent et ceux qui ne comprennent pas) la rivalité entre les églises premières et les synagogues. Certains ont donné plus d’importance aux critères de jugement basés sur le comportement de chacun. D’autres enfin ont vu dans l’explication aux disciples le fait que Jésus étant fatigué de l’incompréhension d’Israël et de son refus de constater l’évidence, il se serait détourné d’eux pour faire le choix de développer sa propre église.
Je pense une fois de plus qu’il nous faut lire et écouter et se donner un peu de temps plutôt que de tirer des conclusions un peu hâtives. Soyons bon public : ces paraboles disent bien ce qu’elles veulent dire et chacun peut encore de nos jours comprendre comment les intégrer dans sa vie.