Ce passage est aussi rapporté par Marc et par Luc, et cette phrase « qui est ma mère ? » peut choquer notre bonne conscience. Encore une fois, n’oublions pas l’ambiance familiale de l’époque, de ces gosses qui viennent au monde tout naturellement (!) et qui ne sont pas élevés comme les nôtres aujourd’hui. On se souvient de l’épisode de Luc (Lc 2, 41-51) dans lequel les parents oublient Jésus à Jérusalem et mettent 3 jours à s’en rendre compte ; même si les évangiles de l’enfance de Jésus sont des plus romancés, il faut bien comprendre que Luc a choisi une histoire complètement crédible pour les gens de l’époque.
On sait bien que dans la culture orientale, même de nos jours, tout le monde se donne du « mon frère » sans qu’il n’y ait le moindre gramme de sang commun.
Ce passage vient aussi à la suite d’une série d’attaques sur la notion de la famille : en Matthieu 10, « je suis venu séparer l’homme de son père », en Matthieu 12 à propos de la famille des démons (tout royaume divisé) et une attaque frontale de la « génération mauvaise et adultère »
Donc le message est en fait une contrepartie positive qui signifie que la seule vraie famille est une famille spirituelle issue de Dieu. Et l’idée de Matthieu est que cette nouvelle famille devrait être bien plus unie que les familles génétiques.
Il va de soi que certains chrétiens mettent de côté ce passage qui peut être vu comme une mise en cause de Marie et de son rôle de mère. Vous pouvez faire confiance à Saint Augustin pour avoir su développer une argumentation contraire (Marie est la seule femme qui appartient aux 2 familles car elle est la première à avoir accepté le choix de Dieu) et remettre le culte marial à sa place.
On peut aussi se souvenir que Marc nous explique en Mc3, 20-21 que sa famille est surtout venue pour le récupérer et le mettre à l’hospice, car on le traite de fou. Peut-être est-ce une bonne raison aussi pour oublier ce genre de famille.