Une scène de famille toute simple, parfaitement bien illustrée par le peintre Vermeer, qui a donné lieu à de très nombreux commentaires parfois abusifs de la part des exégètes de tous les siècles. Marthe au service, Marie à l’écoute. On parle des amis de Jésus qui vivent à Béthanie et chez qui Jésus se rend assez souvent ; les deux sœurs ont un frère, Lazare, que Jésus va ressusciter dans l’évangile de Jean. Attention à ne pas confondre Marie de Béthanie avec Marie de Magdala. La légende veut qu’on aurait retrouvé Marthe en Provence et que ses restes soient à Tarascon.
La scène est simple : Jésus vient dans la maison des deux sœurs, Marthe s’affaire pour le recevoir alors que Marie s’assoit aux pieds de Jésus dans la position classique du disciple vue par Luc. Marthe s’impatiente un peu de voir sa sœur ne rien faire, mais Jésus lui répond qu’elle a tort, que sa sœur a fait le bon choix, celui d’écouter. Le commentaire de Luc veut probablement dire que quand on se trouve en présence de Jésus, Fils de l’Homme, il est plus important de l’écouter et de chercher à le connaître que de s’activer pour lui faire à manger. Le message est qu’il est important de ne pas oublier l’essentiel, de ne pas se laisser envahir par notre besoin d’activité.
Cette simple scène a donné lieu à de nombreuses interprétations. On a voulu opposer la vie contemplative à la vie active. Ignace de Loyola, le fondateur des Jésuites, se servira de ce passage pour défendre la vie contemplative de certains ordres contre les attaques des protestants (la volonté de Dieu est-elle de faire sa parole ou de chercher à mieux le connaître). On a voulu voir dans l’attitude de ces deux femmes l’opposition entre le service (les diacres) et l’écoute (les couvents). D’autres ont voulu opposer les deux sœurs en donnant à Marthe le mauvais rôle : ce serait oublier que c’est Marthe qui est venue chercher Jésus alors que Lazare était mort et que Marie restait assise.
En fait il est intéressant de constater que Luc semble mettre en valeur une certaine opposition entre les deux sœurs alors que Jean va montrer leur complémentarité. Une fois encore, Jean paraît plus réfléchi car il faut bien que nous passions nous-même de l’un à l’autre en permanence, écouter ce que Dieu veut que l’on fasse, et le FAIRE. Comme le bon Samaritain de la semaine dernière.