Nous avons travaillé ce passage le 22 février dernier, je vous engage à retourner voir mon commentaire de ce jour. Mais puisque nous parlons du début de l’église, je vais vous dire quelque mots sur les églises primitives.
Au début les chrétiens se rassemblaient dans les grandes maisons de certains fidèles, l’église étant alors une véritable maisonnée. Il fallait de la place, et le chef de la famille était aussi le chef de son église. Il y avait un commentaire amusant dans le 1er épitre à Timothée (85/90) qui disait que le chef de la maison devait se montrer capable de bien élever ses gosses, car sinon, il ne saurait mener sa communauté. Ces maisons-églises se constituent où il y a des apôtres, cad dans l’ensemble du bassin méditerranéen. Paul sera le maître de la coordination de ces églises, et ses lettres montrent bien qu’il lui fallait définir une référence commune : la coordination des églises particulières n’a jamais été une partie de plaisir.
Les églises sont appelées par le nom du propriétaire de la maison : on lit dans les épitres les noms de Aquilas et Priscilla, de Timothée, d’Andronius et de Junia…ces maisons-églises vont se développer et se coordonner en réseaux : les réseaux professionnels pour les marins, les réseaux intellectuels, les réseaux familiaux, les réseaux militaires, Paul organisera une collecte dans les églises d’Asie pour épauler l’église de Jérusalem, alors que Jacques (le frère du Seigneur) a des vues très différentes de lui sur le respect de la Torah.
A la mort de Paul, les chefs de communauté ont commencé à parler entre eux directement, même sans se connaître. Ainsi Clément de Rome écrira aux Corinthiens pour reprendre la critique de Paul (95/98), et Ignace d’Antioche, prisonnier qui va être emmené à Rome pour être dévoré par les lions, va écrire à toutes les églises des villes qu’il va traverser, pour leur raconter son histoire et les dissuader d’intervenir.
Certains vont commencer à voyager. Tel Marcion en 160, qui va professer une version assez différente de son père quant à la séparation du monde juif. Tel Justin de Naplouse (en 166) qui sera philosophe itinérant.
En 177, les rescapés de Lyon et de Vienne (la persécution de Marc-Aurèle) vont écrire aux églises d’Asie et de Phrygie, dont ils sont originaires, pour leur communiquer la liste des martyrs.
On comprend que les communautés vivent parfois sous un même toit (partageant la table mais pas le lit), et elles étaient la cible de nombreuses accusations : festins, orgies, incestes, cannibalisme d’enfants, homicides…
Au 3ème siècle, les épiscopes écrivent toujours plus et ils voyagent aussi, ils commencent à créer des écoles et des bibliothèques (Alexandrie et Carthage), ils échangent sur des questions de rites et de droit canon comme la validité des baptêmes faits par des hérétiques. Dans l’épitre de Thomas (230), il parle de l’argent que chacun apporte pour le soutien des veuves.
Constantin instituera la liberté de culte avec le traité de Milan en 313, et à partir de ce moment, on verra la construction d’édifices spécifiques, sur le modèle architectural de la basilique romaine (marché couvert). Les premières églises ne reprendront rien de la culture des temples gréco-romains, ceux-ci étant des espaces interdits au public abritant des statues et des offrandes, le culte se passant à l’extérieur. Ils vont au contraire copier le modèle des synagogues.
On y fait la même chose : des lectures, des prières, des commentaires et des chants. La seule nouveauté sera l’eucharistie, avec un partage de pain tous les jours. D’ailleurs Pierre et jean continueront d’aller au Temple pour la prière de l’après-midi, en tout cas pendant un certain temps. La semaine est dédiée aux services d’entre-aide et d’éducation.