La Montée à Jérusalem (9,51-19,28). Pour Luc, c’est l’axe principal de la vie de Jésus, un voyage sacré.
Il y a un gros problème entre les juifs et les Samaritains. La Samarie correspond au royaume du Nord qui a été envahi en -722 par les Assyriens. Or ceux-ci à l’époque ont déporté un grand nombre de juifs à Ninive, mais ils ont aussi envoyés un grand nombre d’Assyriens en Samarie pour unifier les peuples. Ce qui veut dire que les peuples se sont effectivement bien croisés et que sont nés un certain nombre d’enfants de mères non-juives…bref pour les Judéens, les Samaritains sont devenus une race impure. Si on ajoute que les Samaritains ont toujours considérés le mont Garizim comme le seul endroit où devait se trouver le temple, et qu’au retour de l’exil en Babylonie, les Judéens ont brutalement refusé l’aide proposée par les Samaritains pour reconstruire le temple de Jérusalem, on comprend que cela devait mal tourner. Encore de nos jours, les Samaritains sont des juifs détestés par les autres car ils lisent le Pentateuque et croient en Dieu, mais ils refusent complètement la tradition rabbinique, Talmud et Mishna comprises.
Jésus cherche à dépasser le conflit des juifs, comme on le verra dans l’épisode de la Samaritaine. Mais pour faire la paix, il faut être deux, et il semble que les Samaritains n’y soient pas encore préparés. Les disciples leur promettent le feu du ciel, une évocation directe du châtiment que leur infligera Elie dans le 2ème livre des Rois « que le feu descende du ciel et te dévore », ce même Elie qui va construire un sanctuaire à Silo pour faire concurrence au mont Garizim. Bien entendu, Jésus ne va pas trouver cette menace très conforme à la charité chrétienne et il va réprimander ses amis.
Pour suivre Jésus sur la route de Jérusalem, il faut être prêt à tout : à ne pas avoir de maison (pour Luc, Jésus n’a pas de maison, ou alors il n’en parle pas), à renoncer à son devoir de juif envers ses parents (et on sait combien les rites funéraires sont longs et importants dans la Loi), et à mettre de côté une certaine bonne éducation (encore une fois, le devoir envers ses parents). Concernant ce dernier paragraphe, il faut connaître le 1er livre des Rois, quand Elie jette son dévolu sur Elisée comme successeur alors qu’il est en train de labourer son champ. Lui aussi demande à son maître le droit d’embrasser les siens ; « permet que j’embrasse mon père et ma mère et je te suivrai ». Elie le rabroue : « Va, retourne ! Que t’ai-je donc fait ? ». Elisée s’en retournera, il aura le temps d’offrir ses deux bœufs en sacrifice et de nourrir les siens. « puis il se leva, suivit Elie et fut à son service ».
Quels sont les attributs du disciple parfait ?
- Oublier le bras dominateur de Dieu
- Evoluer sans cesse comme sur le chemin de Jérusalem
- Savoir relativiser les règles et changer les priorités
- Faire des choix, parfois difficile