Je vous renvoie à mon commentaire du 8 mars dernier pour comprendre les détails de la prière du Notre-Père. Ce qui me paraît intéressant dans cette prière, dont la version de Luc est un peu plus courte (7 contre5), c’est son approche comparée avec la prière juive des 18 bénédictions (19 le jour de Sabbat) appelée Amida, qui est encore de nos jours un des piliers de la prière des juifs.
Pour résumer, les demandes à Dieu sont les suivantes : Donner aux juifs de l’intelligence (en tout cas le jour du Sabbat) pour comprendre les textes, aider les juifs à se repentir et à revenir toujours vers la Torah, pardonner, s’ingérer dans la vie du peuple juif pour les aider, demander les guérisons pour tous et pour soi, bénir la production agricole, ramener les exilés en Israël, réinstaurer les juges et régner sur eux comme au début (que ton règne vienne), éliminer les calomniateurs (cad les chrétiens entre autres) de la religion juive, donner un bon salaire à tous ceux qui croient, restaurer le trône de David, envoyer le messie (pour les juifs il n’est pas encore venu), …Une approche très large mais très figée quand même.
Cette prière de l’Amida suit un rituel très développé, conçu pour créer une liturgie sans le temple en 70 : on prie 3 fois par jour, comme les offrandes au Temple (ce qui a fait dire à certains que les juifs maudissent les chrétiens 3 fois par jour !). On fait une 1ère récitation en silence, mais en bougeant les lèvres comme a prié Hannah au temple pour avoir un enfant (1 Samuel). On répète ensuite cette prière à haute voix, dans une assemblée d’au moins 10 personnes, assemblée qui doit dire à la fin de chaque bénédiction « Bénis es-tu Seigneur » et quand on dit le mot « Béni », il convient de fléchir les genoux et l’assemblée doit dire Amen à la fin de la prière. Il convient d’être complètement concentré et de faire toute la prière sans interruption, sauf urgence naturelle bien entendu. Il faut être debout et les pieds joints, comme Ezéchiel a vu les anges « les pieds droits », sauf si on est à cheval ou en bateau (Mishna). Il convient d’être tourné vers Jérusalem comme Jacob sous le protique en I Rois 8,44. Au début de la prière, on fera 3 pas en arrière pour montrer que l’on prend du recul sur la vie matérielle, à la fin on refait 3 pas en avant pour montrer que l’on avance vers le Roi des Rois.
Jésus transforme cela en une petite prière pour tous les jours : 1/découvrir Dieu, 2/entrer dans son monde, 3/recevoir le minimum vital, 4/revenir à Dieu quand nous sommes perdus et 5/éviter les pièges qui nous éloignent de lui.
C’est quand même plus rapide, plus simple, plus adapté et plus flexible aussi. Et n’oublions pas : que TA volonté soit faite…