Nous sommes au milieu du dernier souper, le lavement des pieds, la bouchée partagée et Judas qui part dans la nuit. Ce Judas qui sort du groupe des disciples pour rejoindre celui des opposants, cela marque un changement de temps et d’action : l’infernale machine de la passion s’est mise en marche. Jean nous parle d’une glorification réciproque. Souvenons-nous, la glorification s’est « donner du poids, donner de l’importance ». Jésus donne de l’importance à la volonté de Dieu qu’il va faire passer avant tout, et en tout cas de sa vie terrestre, et Dieu va lui donner une importance divine par la résurrection. Dans la cas de Jésus, cela veut dire quitter l’insoutenable légèreté de l’être pour passer à la gloire de Dieu.
Et il va de soi que, pour que soit possible ce changement de dimension aux yeux de tous, Jésus évidemment va devoir se séparer de son groupe (là où je vais, vous ne pouvez venir). En effet n’est pas Dieu qui veut.
Et puis vient le commandement de l’amour, pas si nouveau en fait puisqu’il est dans le Lévitique 19,18 (tu aimeras ton prochain comme toi-même) et que Jésus lui ajoute le Deutéronome 6,5 (Tu aimeras ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton être et de tout ton esprit). Pourquoi nouveau ? Ce qui change est l’importance qu’on lui donne. Dans le Lévitique du chapitre 19, l’amour du prochain vient bien après le respect aux parents, le respect du Shabbat, l’interdiction du culte aux idoles, l’obligation de jeter une viande qui n’aurait pas été mangée au bout de 3 jours, les règles de moisson pour en laisser un peu au pauvre et á l’émigré, le rapt, la fausseté, le vol, l’exploitation des employés. le vol, les faux-serments, l’insulte au sourd et la peau de banane à l’aveugle…et avant le respect des lois et les règles de sexe en famille. Ce que fait Jésus est de le prendre au milieu d’une liste de recommandations sans fin et de le mettre au 1er rang, comme étant aussi important que le commandement de l’amour de Dieu. Le « comme je vous ai aimé » n’est pas une comparaison quantitative, c’est un modèle d’amour, une base de départ, un nouveau type d’amour, celui du lavement de pieds, du service et de l’humilité. Bien entendu, Jean nous montre Jésus en un nouveau Moise.
Plus encore, Jésus veut en faire une marque de fabrique, une signature, il veut qu’en son absence on puisse reconnaître son groupe de disciples à leur manière de s’aimer, de pratiquer cet amour de service.