Dans la tradition juive, l’homme pouvait répudier sa femme comme il l’entendait ; dans le Deutéronome 24, 1, Moise exige la rédaction d’un certificat de répudiation, car sans celui-ci, la femme répudiée ne pouvait se remarier, ce qui la mettait dans une situation économique difficile ; de plus, si un enfant naissait d’une union postérieure, il ne serait pas reconnu et deviendrait bâtard. La réalité à l’époque de Jésus est que les hommes juifs changent en permanence de femme et oublient très souvent de signer le fameux certificat, appelé Guett encore de nos jours. Et Jésus s’emporte ouvertement sur le fait que la dispense qui avait été prévue dans le Deutéronome soit passée comme force de loi alors que ce n’était au départ qu’une règle d’exception. C’est la raison pour laquelle il cite la Genèse (1,27 et 2,24).
Ce qui est compliqué dans la cas de toutes les religions, c’est qu’il y a un mariage civil et un mariage religieux, et que rendre compatible les deux régimes n’est pas forcément facile. Dans ce cas présent, l’église fait du verset nº 9 « que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni » un des textes de base du sacrement de mariage ; il est vrai que c’est un des rares cas où Jésus donne son opinion sur un comportement. Et la position est tranchée : pas de séparation dans le mariage catholique. Donc pas de remariage et pire encore, pas de communion pour un chrétien remarié civilement, car il est considéré adultère. Certains prêtres ferment les yeux, certains évêques poussent pour que cela change, mais l’Eglise catholique n’est pas vraiment connue pour sa rapidité d’évolution. Certes certaines têtes couronnées peuvent demander au Pape l’annulation de leur mariage…
Jésus ne s’arrête pas là puisqu’il insiste sur l’égalité de l’homme et de la femme dans le traitement de la séparation, ce qui vient directement de la loi de l’envahisseur romain.
Aujourd’hui Jésus ne s’est pas fait beaucoup d’amis auprès des juifs, ni auprès des judéo-chrétiens qui se posent pas mal de questions sur leur vie quand ils auront rejoint la communauté. Mais le message est vraiment limpide : non à la dissolution du mariage, même par consentement mutuel, non à la compréhension du mariage comme d’une association d’intérêts. Oui à l’égalité de l’homme et de la femme.
Quand je vous dis qu’il y a des évangiles qu’on préférerait ne pas connaître…