Nous continuons en territoire païen avec un récit exclusif de Marc, la guérison d’un sourd-bègue. Alors que la Syro-phénicienne avait dû insister pour se faire entendre, ici Jésus soigne ce malade alors qu’il ne lui a rien demandé. Quelques détails nous montrent que cette fois-ci, il ne s’agit pas d’une guérison facile obtenue par un simple geste de la main : le malade est pris à part, on lui touche les oreilles, on lui met de la salive sur la bouche et Jésus doit lever les yeux au ciel pour lui dire « ouvre-toi ». Il y a donc une technique spécifique, il s’agit d’une guérison sur mesure. L’interdiction de parler à la foule est classique chez Marc, et l’étonnement de celle-ci aussi.
Quelques conclusions faciles : Jésus s’intéresse à chacun dans son identité, il faut bien entendre pour ne pas dire n’importe quoi, il est plus facile de faire parler un muet que de faire taire les bavards…
Le fond de l’histoire est comme toujours dans ce chapitre, une critique des pharisiens. Nous avons ici la description d’un baptême dans les premières communautés chrétiennes, au cours duquel on répliquait ces gestes des oreilles et de la bouche et on clamait ce mot « ouvre-toi ». Marc insiste bien sur l’usage de l’araméen et non sur l’hébreu de la Torah. Pour Jésus, la religion est proche du peuple, il s’adapte à chacun, il soigne les oreilles avant de parler, il se préoccupe de ce que chacun entende et comprenne. Il y a une désacralisation du rite pour une meilleure compréhension.
Faut-il ajouter que la bible de l’Ancien Testament ne fait presque pas référence aux sourds ?