Vu comme cela il s’agit d’un miracle. C’est un peu plus compliqué en fait. Il s’agit de maladie et d’exclusion.
Au temps de Jésus la lèpre est une maladie assez courante ; de nombreux passages de la bible l’assimile à une punition divine, ce qui fait que beaucoup considéraient les lépreux au-delà de leur maladie, comme des gens impurs ayant péché contre Dieu. Dans la bible, Myriam est punie de la lèpre dans le Livre des Nombres pour avoir critiqué Moïse, Guéhazy dans les Rois pour sa cupidité. Il existe des règles assez formelles dans le Lévitique qui obligent les lépreux à rester en-dehors de la ville et quand ils se déplacent, à crier « impur, impur » de façon que les gens s’écartent devant eux. On pourrait penser qu’il s’agissait là de règles prophylactiques destinées à limiter la pandémie…mais elles ne s’appliquaient qu’aux juifs, puisque seul le prêtre pouvait identifier la maladie et décider de l’exclusion !
Le malade est doublement taxé : en plus d’être malportant, il devient exclu, ce qui ne lui laisse qu’assez peu de chances de s’en tirer. Comme il ne peut pas travailler, il devient aussi mendiant par la même occasion. Saint François d’Assise (1244) fuyait les lépreux (comme la lèpre) et ne supportait pas leur vue qui l’indisposait vraiment. Jusqu’au jour où il n’a pu se soustraire à l’appel de l’un d’eux : il a bien fallu qu’il descende de son cheval pour lui donner une pièce et lui toucher la main. Il deviendra ensuite un fervent supporteur de leur cause et n’arrêtera pas de visiter des léproseries.
Le lépreux demande à Jésus non pas de le guérir, mais de le purifier. Ce qu’il fait immédiatement. Mais bien entendu, quand c’est Jésus qui purifie, comme par hasard, le lépreux est guéri. N’est pas Jésus qui veut ! Puis Jésus envoie le lépreux guéri au prêtre pour que celui-ci puisse officialiser sa guérison et le redonner ainsi sa place dans la société.