Jésus marche sur l’eau

Mc 6, 45-52
janvier 5, 2022

Aussitôt, Jésus obligea ses disciples à remonter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, vers Bethsaïda, pendant que lui-même renvoyait la foule. Après l’avoir congédiée, il partit dans la montagne pour prier.

Le soir venu, la barque était au milieu de la mer, et lui, seul, à terre.

Voyant qu’ils se battaient à ramer contre le vent qui leur était contraire, vers la fin de la nuit, il vient vers eux en marchant sur la mer, et il allait les dépasser.

En le voyant marcher sur la mer, ils crurent que c’était un fantôme et ils poussèrent des cris. Car ils le virent tous et ils furent affolés. Mais lui aussitôt leur parla ; il leur dit : « Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur. »

Il monta auprès d’eux dans la barque, et le vent tomba. Ils étaient extrêmement bouleversés. En effet, ils n’avaient rien compris à l’affaire des pains, leur cœur était endurci.

Commentaire

Ce miracle de la marche sur les eaux fait suite à la multiplication des pains ; il est raconté par Marc, Matthieu et Jean. Et vous l’avez deviné, il n’a rien d’historique ! On pense qu’il a été inventé par les premiers chrétiens des années 40 qui avaient besoin de créer une histoire un peu plus « mystique » autour de la personnalité de Jésus. Rappelons que les premiers chrétiens étaient complètement obnubilés par la résurrection, que quand ils en parlaient trop, on savait les faire taire, et il est probable que le seul récit de la résurrection ne suffisait pas à convaincre les foules. Il est probable que la barque chahutée soit l’image de leur petite communauté qui avait bien besoin du Seigneur pour les mener à bon port.

La figure du Dieu qui marche sur les flots est un classique biblique (Job, Esaïe, Habacuc…) : le Dieu créateur montre aux hommes que les éléments de la nature savent reconnaître leur maître. Le « c’est moi » fait écho au « Je suis celui qui est » de Jahvé au buisson ardent dans l’Exode.

Il est amusant de comparer les trois évangiles qui rapportent la même tradition originale : chez Marc, les disciples qui n’ont encore rien compris à la multiplication des pains, sont complètement époustouflés. Chez Matthieu, les disciples se prosternent devant leur Seigneur. Chez Jean, la barque arrive à bon port avant même que Jésus soit monté, ce qui ajoute un deuxième miracle au premier.

Je pense que ce passage nous fait toucher du doigt la difficulté de raconter l’histoire en général. On voit bien que les disciples, puis les évangélistes, ont dû rajouter un peu de merveilleux à leur texte, comme d’autres l’ont fait pour Jules César, Napoléon et bien d’autres…La réalité brute ne suffit pas à intéresser, encore moins à faire croire.

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